Moody’s place le Maroc dans le segment “baa” des économies émergentes

L'agence de notation Moody’s.

Le rapport «Sovereigns – Global: 2026 Outlook» , publié le 13 novembre 2025, positionne le Maroc dans la catégorie «baa» pour son cadre institutionnel, signe d’un niveau intermédiaire élevé de résilience macroéconomique. Cette distinction intervient alors que les fondamentaux budgétaires et la liquidité mondiale subissent une forte pression.

Le 21/11/2025 à 12h13

Le contexte international, marqué par un ralentissement de la croissance mondiale, un coût du capital élevé et une liquidité plus contrainte, pèse sur les marges d’ajustement des États, indique Moody’s dans son rapport. Le risque souverain se redéfinit désormais non seulement par les niveaux d’endettement, mais aussi par la capacité institutionnelle à absorber les chocs. Dans cette configuration, la note de cadre institutionnel attribuée par Moody’s Investors Service manifeste que le Maroc appartient à un sous-groupe d’émergents mieux armés pour faire face à ces défis.

Sur le plan national, les données témoignent d’un regain de dynamique économique: selon le HCP, la croissance du produit intérieur brut (PIB) s’est établie à +4,6% au deuxième trimestre 2025 (en variation annuelle) pour l’ensemble des branches d’activité hors agriculture. Au même moment, le rebond du PIB du Royaume a atteint +5,5% au deuxième trimestre 2025 contre +3,0% un an plus tôt. Cette amélioration atteste une relance entretenue de la demande intérieure et des investissements, deux éléments essentiels pour la crédibilité macroéconomique.

En matière monétaire et de politique de change, le FMI note que l’inflation s’est stabilisée autour de 2%, et que Bank Al-Maghrib dispose d’une orientation appropriée, dans l’attente d’une transition vers un dispositif de ciblage de l’inflation. L’institution centrale s’inscrit donc dans un cadre d’ancrage des anticipations d’inflation, ce qui renforce le capital institutionnel du pays.

Par ailleurs, le FMI relève que le déficit du gouvernement central s’est élevé à -4,1% du PIB pour l’année 2024, contre une prévision initiale de -4,3% dans la loi de finances. Cette marge d’ajustement budgétaire, même modeste, marque une amélioration dans un environnement où de nombreux pays voient leurs déficits se creuser.

L’architecture institutionnelle devient dès lors un point différenciateur. En positionnant le Maroc dans la zone «baa», Moody’s indique que le pays dispose d’un cadre de gouvernance et de régulation suffisamment homogène pour contenir les risques de dérive et préserver un minimum de stabilité politique et macroéconomique. Cette attribution prend tout son sens dans la comparaison internationale: plusieurs économies émergentes sont classées en zone inférieure, où la faiblesse des institutions aggrave les vulnérabilités.

Concrètement, ce cadre se matérialise par une crédibilité renforcée de la politique monétaire, une montée en puissance des autorités de régulation sectorielles, et une coordination croissante entre les institutions financières publiques — des éléments régulièrement soulignés dans les communiqués du FMI. Pour les investisseurs, cette prévisibilité institutionnelle réduit la prime de risque souverain dans un contexte où la sélectivité s’accentue.

Cependant, ce positionnement n’exonère pas le Maroc de défis persistants: la contrainte sur les financements, la nécessité d’étendre l’assiette fiscale, l’impératif de poursuivre les réformes structurelles (emploi, marché du travail, PME) restent des priorités identifiées par le FMI. Dans un univers financier global plus exigeant, l’architecture institutionnelle mise en avant par Moody’s est donc un atout, mais non une garantie automatique.

Par Mouhamet Ndiongue
Le 21/11/2025 à 12h13