Le cap d'un million de chômeurs au Maroc a été franchi. Au titre du deuxième trimestre 2013, le taux de chômage s'est établit à 8,8% contre 8,1% pour la même période de l'année dernière, selon les chiffres du Haut commissariat au plan (HCP) repris par tous les quotidiens de ce mardi 6 août. Par contre, à l'issue d'une bonne saison agricole, le chômage a reculé de 0,3 point dans le monde rural pour s'établir à 3,2%. Cependant, selon les analystes du Centre marocain de conjoncture (CMC), cités par le quotidien L'Economiste, "ces chiffres sont anormalement bas, car ce niveau s'apparente au plein emploi, alors que dans le rural le marché du travail est marqué par la saisonnalité".
4 chômeurs sur 5 sont des citadins
Si, dans les campagnes, le taux de chômage stagne, c'est en ville que l'on trinque le plus. L'Economiste met bien en évidence les chiffres du HCP concernant le milieu urbain : 4 chômeurs sur 5 sont des citadins. Et ce n'est pas tout : les plus touchés sont des femmes, des jeunes et des diplômés. Ainsi, deux demandeurs d'emplois sur trois sont âgés de 15 à 29 ans, et un chômeur sur quatre est diplômé, d'après le rapport du HCP repris par le quotidien.
Le quotidien Al khabar, quant à lui, se contente de relayer les chiffres alarmants du HCP par un titre choc : "l'armée des chômeurs se renforce de 100.000 de personnes, citadins pour la plupart". Et de préciser que près de 144.000 postes ont été créés lors du deuxième trimestre, soit 63.000 en ville et 81.000 dans le milieu rural. Le quotidien francophone Libération donne plus de détails et indique que "l'industrie et l'agriculture sont les deux secteurs phares qui ont créé des postes d'emploi au cours du deuxième trimestre 2013". Les autres secteurs ont soit stagné soit enregistré des baisses. Le secteur des services fait partie de ceux qui ont le plus souffert du chômage. En comparaison avec les cinq années écoulées, le secteur souffre à ce propos d'une conjoncture sévère et enregistre une hausse de 50.000 emplois seulement. L'Economiste conclut sur le secteur du BTP qui, réputé pour être en temps normal "un grand pourvoyeur d'emploi", a enregistré, selon le quotidien, une perte de 38.000 postes.
Ces chiffres révèlent clairement une "situation économique difficile" et "l'attentisme" ou, encore, le "ralentissement" que connaissent certains secteurs d'activité, constate L'Economiste. Le gouvernement est pointé du doigt à ce sujet, d'autant plus que ces chiffres atterrissent à un moment crucial pour Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement, en pleines tractations avec le RNI pour former une nouvelle majorité. Pour rappel, Salaheddine Mezouar, leader des RNIstes, est déterminé à négocier les portefeuilles importants et à introduire les programmes de son parti pour relancer la dynamique économique du pays.