Les banques déjà en surliquidité dans un marché atone

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Fait rarissime, pour la deuxième semaine consécutive, Bank Al Maghrib n’a pas servi les banques de la Place, lors des avances hebdomadaires. Les banques, étant «sur-liquides» n’avaient pas besoin de solliciter la banque centrale. Mais, une chose est sûre: le marché monétaire est atone.

Le 04/04/2016 à 19h30

En raison, sans doute, de l’excédent enregistré par la fin de la période de la réserve obligatoire sur le marché monétaire, les banques de la Place n’ont pas formulé de demandes de liquidités auprès de Bank Al-Maghrib. L’information n’est pas anodine, dès lors qu’elle recouvre, au fond, une réelle morosité économique qui se confirme d’un mois à l’autre.

Bank Al-Maghrib, très regardante vis-à-vis de la croissance de l’activité et de l’évolution des crédits, vient de réduire, le 22 mars dernier, son taux directeur, à 2,25%. Une décision prise alors que l’inflation est à seulement 0,5% en moyenne durant ce premier trimestre 2016. Un taux jugé des plus faibles dans la région MENA.

Au même moment, le Trésor n’a levé que 50% de ses besoins annoncés en début de période, compte tenu de l’encaissement de la 1ère tranche de l’IS. Selon les analystes de la place, les souscriptions se sont élevées à 3 milliards DH face à des besoins se situant entre 5 et 5,5 milliards DH.

Bank Al Maghrib souligne, dans sa toute dernière note sur les indicateurs clés des statistiques monétaires, que le crédit bancaire est resté quasiment inchangé par rapport à son niveau de janvier. Cette stagnation, est-il expliqué, est due particulièrement au fort repli des facilités de trésorerie (-1,2%) et à la baisse de 1,4% des prêts à la promotion immobilière.

De même, le rythme de progression des concours aux ménages s’est inscrit en décélération à 2,4% après 3,5% en début d’année.

Il est tout aussi important de noter que la banque centrale a vu ses réserves internationales augmenter de plus de 28% par rapport à l’année dernière, s’établissant à 235,8 milliards DH, au 25 mars 2016.

Au fond, le problème de surliquidités est d’ordre macroéconomique. D’un côté, les banques qui demeurent vigilantes sur la notion de risques (face à la montée fulgurante des créances en souffrance). De l’autre, des entreprises dont l’activité tourne au ralenti, faute de carnets de commandes.

Même si les banques affichent leur volonté d’accompagner les entreprises, ces dernières ne semblent pas disposer de projets d’investissement sérieux. La majorité des chefs d’entreprises ne cachent pas leur pessimisme quant à la perspective de croissance.

Selon l’arrêté des comptes nationaux du 4e trimestre 2015, publié par le Haut-commissariat au Plan, l’épargne nationale a atteint 29,3% du PIB durant le quatrième trimestre 2015 au lieu de 26,4% une année auparavant. Compte tenu de la baisse de l’investissement brut à 30,1% par rapport au PIB au lieu de 30,5%, le besoin de financement de l’économie nationale s’est fortement réduit, passant de 4% du PIB à 0,8%.

En définitive, la consommation risque de déprimer dans le sillage de la décélération des crédits aux ménages. Et là, c’est une mauvaise nouvelle pour la croissance et l’économie.

Par Abdelouahed Kidiss
Le 04/04/2016 à 19h30