Rencontré dans le cadre du Festival économique, organisé par le Policy Center for the New South (PCNS) en marge des Assemblées annuelles de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), qui se tiennent à Marrakech du 9 au 15 octobre, Papa Amadou Sarr, le directeur exécutif de l’Agence française de développement (AFD), revient dans cet entretien avec Le360 sur le partenariat entre l’Agence et le Maroc, les principaux défis auxquels font face les pays partenaires de l’AFD et le rôle joué par les Assemblées annuelles BM-FMI dans un tel contexte.
Quels sont les secteurs prioritaires dans le programme de financement de l’Agence française de développement au Maroc ?
Je voudrais d’abord dire à quel point je suis très heureux d’être ici à Marrakech, aux Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Les relations bilatérales entre la France et le Maroc, en particulier la collaboration entre l’AFD et le gouvernement marocain, sont très fortes, le Maroc est notre premier partenaire en Afrique en matière de financement. Nous sommes très fiers de ce partenariat qui témoigne du rôle central du Maroc dans le développement économique de tout le continent.
Au sein de l’AFD, nous opérons selon la volonté des États, c’est-à-dire que ce sont les pays qui sollicitent notre soutien financier dans certains secteurs clés de leur économie, notamment l’eau, l’assainissement, les infrastructures, l’énergie, l’éducation et la santé. La plupart de ces secteurs figurent actuellement dans notre programme de financement avec le gouvernement marocain. Il y a aussi notre engagement envers le secteur privé, que nous soutenons à travers notre filiale Proparco. Et sur ce volet aussi, le Maroc est un bon partenaire.
Quels sont les principales difficultés auxquelles les pays partenaires de l’AFD sont confrontés aujourd’hui?
Les assemblées annuelles se déroulent dans un contexte de sortie de la pandémie, mais diverses crises perdurent: l’inflation, les tensions géopolitiques, les conflits en Europe, en Afrique et en Asie, ainsi que les enjeux liés à la migration, le tout compliqué par l’augmentation du coût du capital.
Dans de nombreuses régions, notamment en Afrique subsaharienne, les États rencontrent des difficultés à emprunter sur les marchés locaux en raison de taux d’intérêt en nette hausse. Par conséquent, nous sommes confrontés à une pénurie de ressources concessionnelles pour financer le développement.
Quel rôle jouent les Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI dans le dépassement de ces difficultés?
Les points à l’ordre du jour des Assemblées annuelles de la Banque mondiale, telles que la réforme des institutions de développement multilatérales et l’augmentation du capital des banques multilatérales, auront un impact significatif sur les trois ou quatre années à venir. L’objectif est de financer les économies pour favoriser la création d’emplois, en particulier pour les jeunes, tout en soutenant la transition vers une économie plus durable et respectueuse de l’environnement.
L’autre enjeu majeur de ces assemblées est d’établir des liens entre les financements respectifs des banques multilatérales, des banques régionales de développement, des banques locales et des banques nationales de développement, au sein d’un réseau que nous avons appelé le réseau «Finance en commun». Cette initiative rassemble tous les acteurs qui ont mutuellement besoin les uns des autres, tout en reconnaissant le rôle crucial du secteur privé en tant que catalyseur essentiel du financement.