Le miel marocain en quête de reconnaissance et de régulation

Au Maroc, le scteur de l’apiculture traverse une période délicate.. DR

Revue de presse L’apiculture, pilier de l’économie rurale marocaine, traverse une période délicate. La production nationale peine à satisfaire la demande croissante, tandis que la filière fait face à des maladies, à la baisse des rendements et à une concurrence accrue des importations. Entre initiatives de valorisation et nécessité de régulation, les professionnels appellent à un encadrement plus strict pour préserver la qualité et le potentiel d’un secteur stratégique. Cet article est une revue de presse tirée de Finances News.

Le 19/10/2025 à 19h40

L’apiculture, activité ancestrale profondément enracinée dans les traditions rurales du Maroc, continue de soutenir des milliers de familles à travers l’ensemble des régions agricoles du pays. «Le miel, produit phare de cette filière, occupe une place importante dans l’alimentation des Marocains, avec une consommation moyenne estimée à 250 grammes par habitant et par an, témoignant de sa popularité et de son rôle culturel», relève le magazine Finances News Hebdo.

Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, la filière compte près de 36 000 exploitants dont les revenus dépendent totalement ou partiellement de cette activité. Elle génère environ 2,45 millions de journées de travail par an pour une production annuelle avoisinant les 7 960 tonnes de miel, représentant un chiffre d’affaires global de 1,1 milliard de dirhams. Ces données mettent en lumière l’importance économique et sociale de ce secteur, qui constitue une source de subsistance pour de nombreuses communautés rurales.

La diversité géographique et naturelle du Maroc, allant des chaînes montagneuses aux plaines, en passant par les zones désertiques, confère à la production apicole nationale une richesse et une variété uniques. Les produits de la ruche, au-delà de leur valeur nutritionnelle, connaissent une demande croissante dans les secteurs cosmétique et pharmaceutique, où ils sont utilisés pour leurs propriétés bénéfiques.

«Pour soutenir et structurer cette filière, le ministère de l’Agriculture a mis en place plusieurs mesures dans le cadre du Plan Maroc Vert et du programme Génération Green», écrit Finances News. Parmi celles-ci figurent la labellisation et la promotion de certaines variétés de miel en tant que produits de terroir. Le miel de thym et le miel de Zendaz, originaires de la région de Souss-Massa, ainsi que le miel d’arbousier du Jbel Moulay Abdessalam au nord du pays, en sont de bons exemples. La région de Tadla-Azilal se distingue pour son miel d’Euphorbe, qui se retrouve également dans certaines zones sahariennes comme Guelmim. Cependant, malgré ces initiatives, la filière continue de faire face à de nombreux défis qui freinent son développement.

Cité par Finances News Hebdo, Hassan Bounboun, président du syndicat marocain des producteurs de miel, souligne que l’apiculture est particulièrement vulnérable aux aléas environnementaux. La dégradation des parcours naturels et la raréfaction du patrimoine forestier ont eu un impact négatif sur le rendement des ruches, entraînant une baisse de la production nationale et une hausse des importations qui dépassent désormais 2 200 tonnes par an. Ces produits importés, souvent proposés à des prix très bas, constituent une concurrence directe pour le miel local et posent des problèmes de qualité et de traçabilité.

«Nous ne sommes pas opposés aux importations, mais nous dénonçons la vente de produits qui ne respectent pas les normes et qui sont parfois mélangés au miel local pour être revendus comme tel. De nombreuses fraudes sont constatées, avec des produits étiquetés bio alors qu’ils ne le sont pas», explique Bounboun. Selon lui, les autorités doivent renforcer leur rôle de contrôle afin de protéger les consommateurs et garantir l’intégrité de la filière.

La filière apicole a également été fragilisée par des maladies comme la varroase, qui ont provoqué la disparition soudaine de nombreuses colonies d’abeilles. Le ministère de l’Agriculture a réagi en mettant en œuvre un programme de lutte, qui a permis de limiter les dégâts, mais la situation reste fragile. La filière peine encore à retrouver sa vitalité d’antan et continue de faire face à des obstacles structurels, notamment la présence d’intermédiaires dans le circuit de commercialisation, qui perturbe le marché et empêche les apiculteurs de bénéficier pleinement de leur travail. Malgré plusieurs courriers adressés aux autorités, les doléances des professionnels restent souvent sans réponse satisfaisante.

Pour autant, le potentiel de l’apiculture au Maroc demeure considérable. Selon les acteurs du secteur, il s’agit d’une filière porteuse d’opportunités d’investissement, qui pourrait séduire de nombreux porteurs de projet. Toutefois, son développement exige un savoir-faire précis et une maîtrise complète de la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation, afin de garantir la qualité des produits et la pérennité des exploitations.

Par La Rédaction
Le 19/10/2025 à 19h40