Un an après la visite d’Emmanuel Macron, Safran franchit un nouveau cap dans son implantation au Maroc en lançant à Nouaceur un vaste complexe industriel dédié au LEAP, turboréacteur de dernière génération qui équipe les Airbus A320neo et les Boeing 737 MAX.
«S’étendant sur vingt-cinq mille mètres carrés au sein de la zone Midparc, au sud de Casablanca, le site intègre un atelier de maintenance, de réparation et de révision ainsi qu’une ligne d’assemblage complète, pour un investissement total de 3,4 milliards de dirhams», explique le quotidien Les Inspirations Éco. dans sosn édition du 16 octobre. À partir de cette unité, Safran assurera l’assemblage final, les essais fonctionnels et la maintenance des moteurs, couvrant la majeure partie de leur cycle de vie opérationnel, tandis que la conception, les tests thermiques et la certification resteront pilotés depuis Villaroche, en France.
Cette implantation représente une étape majeure pour l’écosystème aéronautique marocain. Pour la première fois, une ligne d’assemblage de moteurs Safran sort du territoire français, positionnant le Maroc comme un véritable pôle de production et de maintenance.
L’unité, opérationnelle dès 2027, pourra assembler jusqu’à 350 moteurs par an, contre 150 aujourd’hui, et en entretenir 150 supplémentaires. Les sites existants de Tiflet, d’Aïn Atiq et de Casablanca seront étendus pour accompagner cette montée en cadence. Parallèlement, Safran a signé un protocole garantissant l’alimentation de ses usines en énergie renouvelable dès 2026, dans le cadre de son objectif de réduction de moitié de ses émissions de CO₂ d’ici 2030.
Le Maroc séduit les grands motoristes grâce à une combinaison rare: une main-d’œuvre qualifiée à moindre coût, formée en étroite adéquation avec les besoins du secteur, une stabilité macroéconomique solide et une logistique efficace. «Les ingénieurs et techniciens formés à Casablanca, Nouaceur ou Salé évoluent dans un environnement respectant les normes de certification aéronautique EASA et EN 9100», souligne Les Inspirations Éco. Pour Ross McInnes, président du conseil d’administration de Safran, cette coopération «allie stabilité politique et exigence industrielle», soulignant la maturité technique et le positionnement stratégique de l’écosystème marocain sur la chaîne de valeur mondiale.
Cette évolution vers des procédés à forte valeur technologique traduit un véritable changement d’échelle pour la filière nationale. L’aéronautique n’est pas une industrie de masse, mais un secteur où chaque composant doit respecter des standards de conformité rigoureux. Pour le gouvernement, cette dynamique est une victoire stratégique : le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, rappelle que le chiffre d’affaires à l’export de l’aéronautique est passé de moins d’un milliard de dirhams en 2004 à plus de 26 milliards en 2024, porté par plus de 150 entreprises intégrées à l’écosystème national.
Le complexe de Nouaceur illustre cette progression. Il combine une unité de maintenance et de réparation capable de traiter 150 moteurs par an, pour un investissement de 1,3 milliard de dirhams, et une usine d’assemblage et de test du LEAP-1A pour Airbus A320neo, évaluée à 2,1 milliards de dirhams et destinée à produire 350 moteurs par an. La création de 300 emplois qualifiés est prévue d’ici 2029. Ce double investissement fait du Maroc le second site mondial de production du moteur LEAP-1A, rapprochant le pays de la partie «noble» du moteur et confirmant son intégration dans la chaîne de valeur des motoristes internationaux.







