Le commerce électronique mondial s’apprête à franchir un cap historique en 2025, avec un chiffre d’affaires attendu de 35.000 milliards de dollars, selon les dernières prévisions de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Cette croissance est particulièrement marquée en Afrique, où les exportations connaissent le rythme le plus soutenu du continent, derrière seulement l’Asie de l’Est. «Dans ce contexte dynamique, le Maroc se distingue comme l’un des rares pays africains capables de tirer pleinement parti de cette expansion», écrit le quotidien L’Economiste dans son édition du jeudi 11 décembre.
Le Royaume bénéficie à la fois de l’essor du commerce Sud-Sud, qui a progressé de 8% au cours des quatre derniers trimestres, et de la relocalisation stratégique des chaînes d’approvisionnement. Les stratégies de «nearshoring» et de «friendshoring» attirent désormais les investissements manufacturiers vers des régions à la fois géographiquement proches et politiquement stables. «Le Maroc y trouve un atout considérable, renforcé par ses accords commerciaux avec l’Union européenne et par ses infrastructures logistiques de pointe, notamment le port Tanger Med, qui le positionnent comme un hub régional incontournable», souligne L’Economiste.
Cependant, la CNUCED alerte sur certaines vulnérabilités. Plus de 90% du commerce mondial repose sur des infrastructures financières concentrées dans les économies avancées. Cette dépendance expose les pays émergents, dont le Maroc, à des chocs financiers externes. Le rapport 2025 sur le commerce et le développement souligne qu’une appréciation du dollar ou un resserrement des conditions de crédit internationales, notamment par les politiques monétaires de la Réserve fédérale américaine, pourrait ralentir brutalement les flux commerciaux, même en période de forte demande mondiale.
La diversification des exportations reste également un défi pour le Maroc. Avec un indice de diversité de seulement 1,8, le Royaume demeure largement dépendant de secteurs spécifiques comme les phosphates ou l’aéronautique, ainsi que de marchés principaux tels que l’Union européenne et l’Afrique de l’Ouest. Cet indicateur est nettement inférieur à celui de pays comme la Malaisie ou le Bangladesh, qui atteignent 2,8. Face à cette concentration, la CNUCED recommande aux pays du Sud de multiplier leurs partenaires commerciaux, de développer des mécanismes de règlement en monnaies locales et de renforcer la bancabilité de leurs projets. L’intégration de la transition verte, notamment à travers l’exploitation durable de minerais critiques, pourrait également constituer un levier pour attirer de nouveaux investissements et rendre le commerce plus résilient.
«Pour le Maroc, l’enjeu dépasse désormais la simple captation des flux commerciaux mondiaux», conclut L’Economiste. Il s’agit de consolider sa position tout en se prémunissant contre les fragilités financières du système international et en préparant le terrain pour une croissance durable et diversifiée. La question n’est plus seulement de profiter de l’essor économique global, mais de le sécuriser face aux turbulences financières et géopolitiques qui pourraient se profiler dans les années à venir.







