Le Maroc engage près d’un milliard de dollars pour son nouveau corridor gazier et une FSRU à Nador West Med

Le port Nador West Med sera équipé d'une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU), reliée au gazoduc Maghreb-Europe.

Le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable (MTEDD) vient de lancer deux appels à concurrence internationaux pour le déploiement de la future infrastructure gazière du Royaume. Le premier concerne l’affrètement d’une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) à Nador West Med. Le second porte sur le développement d’un corridor national de gazoducs reliant le port, le gazoduc Maghreb-Europe (GME) et les zones industrielle de Kénitra et Mohammedia.

Le 08/12/2025 à 12h08

Le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable (MTEDD) a engagé une procédure avec présélection pour l’affrètement à temps d’une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) destinée au terminal GNL de Nador West Med. Le propriétaire de l’unité pourra également être chargé de réaliser une partie des équipements «topside», tels que les bras de chargement et les installations de raccordement, qui seront ensuite transférés à une entité publique avant l’entrée en service. L’investissement prévu pour cette station d’importation de GNL connectée au GME est estimé à 273 millions de dollars.

Un corridor national de gazoducs

En parallèle, le MTEDD lance un second appel visant une préqualification internationale pour la conception, la construction, le financement et l’exploitation de nouveaux gazoducs. Ce réseau reliera dans un premier temps le port de Nador West Med au GME, puis sera prolongé vers les zones industrielles de Kénitra et Mohammedia. Plus de 80 opérateurs ont déjà manifesté leur intérêt pour accompagner cette première phase, confirmant l’attrait international pour ce chantier structurant.

Ce projet est développé dans le cadre de la loi 86-12 sur les partenariats public-privé. Le coût global de cette phase atteint 681,2 millions de dollars, dont 638,7 millions de dollars pour le tronçon GME–Mohammedia, auxquels s’ajoutent 42,5 millions de dollars pour un réseau secondaire destiné aux zones industrielles de Kénitra et Mohammedia.

La mise en service du terminal GNL est prévue pour 2027, un calendrier indispensable pour absorber une demande nationale en pleine expansion. Celle-ci atteindra environ 8 milliards de mètres cubes par an dès 2027, contre 1,2 milliard de mètres cubes aujourd’hui, sous l’effet de la conversion au gaz des centrales existantes, de l’essor industriel et de la réduction progressive du charbon et du fioul. À l’horizon 2030, la demande pourrait atteindre 12 milliards de mètres cubes, ce qui justifiera l’ouverture d’un second point d’importation sur la façade atlantique, à Mohammedia ou Jorf Lasfar. Une plateforme supplémentaire est également envisagée à proximité du port de Dakhla pour accompagner le développement du Sud.

Le ministère a retenu un schéma en partenariat public-privé, afin de mobiliser à la fois l’expertise internationale et des capacités de financement importantes. Une short-list de candidats sera arrêtée avant la fin du premier trimestre 2026, ouvrant la voie à un appel d’offres restreint.

Vers une dorsale gazière nationale

Le corridor reliant Nador West Med, le GME, Mohammedia et les zones industrielles constitue la première étape d’un futur réseau national de transport du gaz. Cette dorsale permettra d’assurer l’alimentation sécurisée des pôles industriels, de soutenir la conversion au gaz des centrales thermiques et de garantir une continuité logistique entre les terminaux maritimes, l’infrastructure existante et les grands consommateurs industriels.

Avec un investissement total de 954,2 millions de dollars, cette première phase marque une avancée majeure dans la transition énergétique du Maroc et le développement d’un véritable marché national du gaz.

Par Wadie El Mouden
Le 08/12/2025 à 12h08