Les comptes spéciaux dits comptes "noirs ou secrets", comme aiment à les appeler les détracteurs d'Abdelilah Benkirane, ne relèvent justement plus du top secret puisque l'opposition parlementaire a introduit des amendements relatifs à ce sujet. Et il semble que lesdits amendements aient été acceptés par le gouvernement dans le cadre du débat relatif à la loi des finances de 2015, croient savoir plusieurs journaux à paraître ce vendredi.
Sous le titre "Le gouvernement lève le voile sur les comptes noirs", Akhbar Al Youm nous apprend que des amendements ont été proposés par l'opposition au même titre que ceux concernant la baisse de la TVA sur certains produits comme le riz ou les pâtes.
Mais le plus important des amendements, relève le journal, concerne l'accord donné par le gouvernement pour que ces comptes spéciaux soient soumis à la transparence dans leur gestion et contrôlés par le ministre lui-même.
Ces comptes spéciaux, qui étaient au nombre de dix, ont été regroupés et ramenés à trois comptes seulement, souligne le quotidien.
Les observateurs notent que, lors du débat sectoriel de ce projet de loi des finances, un député de l'opposition a indiqué que ces comptes spéciaux enregistreraient actuellement un excédent d’un montant d'environ 6 milliards de dirhams. "Vous avez, M. le ministre, dans les comptes du trésor, un excédent de plus de 6 milliards de dirhams. Qu'allez-vous faire de cet argent et pourquoi ne pas l'utiliser pour résoudre certains problèmes budgétaires ?", avait lancé la semaine dernière ce député au ministre PJDiste du budget, Driss Azami.
Selon Akhbar Al Youm, ces trois comptes ont été placés sous la responsabilité directe du ministre des Finances, en remplacement des trois directeurs centraux chargés de la gestion des secteurs de la trésorerie générale, des impôts et de la douane.
Al Ahdat Al Maghribia estime, pour sa part, que le gouvernement s'est plié aux revendications de l'opposition, indiquant de même que Mohamed Boussaid est revenu sur sa décision d'augmenter la TVA pour le riz et les pâtes.
L'article 8 du projet de loi des finances qui, selon Akhbar Al Youm, permettait à l'Etat d'éviter que ses biens, notamment immobiliers, soient saisis en cas de condamnation par la justice et de non exécution de verdicts au profit des justiciables "a été supprimé sur insistance de l'opposition".
Le journal Annas abonde dans le même sens en titrant: "Au Parlement, la commission des finances rejette l'article empoisonné" en référence à l'article 8.
Citant Abdellah Bouanou, le quotidien rapporte aussi que la saisie des biens de l'Etat "est anticonstitutionnelle".
Le député PJDiste, selon Annas, a appelé à réfléchir à un autre moyen pour que le citoyen et le contribuable puissent de nouveau jouir de ces droits en cas de conflit avec l'Etat.
Bien que l'opposition n'ait pas réussi à apporter des propositions convaincantes sur d'autres amendements, elle a toutefois réussi à s’imposer sur au moins ces points que sont les comptes spéciaux et l'annulation de l'article 8, estiment les observateurs.