La dette du Trésor marocain en net recul: le miracle de la gestion active

La Trésorerie générale du Royaume, à Rabat.

Revue de presse Entre discipline budgétaire et explosion des recettes fiscales, le Maroc parvient à réduire sa dette publique tout en maîtrisant le coût de son financement. De 72,2% du PIB en 2020 à 67,7% en 2024, cette trajectoire promet un endettement de 65,8% du PIB en 2026, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis plus d’une décennie. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Éco.

Le 04/11/2025 à 18h43

Pour le Trésor marocain, la dette publique cesse de constituer une menace imminente, et ce d’autant plus dans un contexte où les recettes fiscales continuent de surprendre positivement. Le récent relèvement de la notation souveraine du royaume par l’agence S&P Global Ratings témoigne de cette dynamique, mais ce sont surtout les résultats concrets de la discipline budgétaire qui méritent d’être soulignés, indique le quotidien Les Inspirations Éco dans une analyse dédiée.

Entre 2020 et 2024, le ratio de la dette du Trésor par rapport au PIB est passé de 72,2% à 67,7%, soit un recul de plus de quatre points en seulement cinq ans. Les projections contenues dans le Projet de loi de finances pour 2026 laissent même envisager un taux d’endettement de 65,8% du PIB, une trajectoire qui rappelle les niveaux atteints au début de la décennie précédente, lorsque la dette se situait autour de 58,2% du PIB. Cette baisse du ratio s’accompagne d’une diminution de la charge des intérêts de la dette, estimée à 41,6 milliards de dirhams en 2025, soit 2,3% du PIB.

Cette évolution résulte à la fois d’un recul de la charge des intérêts de la dette intérieure, de 0,9 point, et d’une réduction de 6,9% de celle de la dette extérieure, écrit Les Inspirations Éco. Les experts de la direction du Trésor et des Finances extérieures attribuent ces résultats à une gestion active et proactive de la dette, une stratégie qui combine rigueur et anticipation. Ces gains sur le service de la dette sont renforcés par la croissance exceptionnelle des recettes fiscales, qui ont contribué à contenir le déficit budgétaire au cours des quatre dernières années.

Depuis 2021, le déficit de l’État a ainsi reculé de 3,3 points de PIB pour atteindre 3,8% en 2024, avec une prévision de 3% pour cette année. Chaque point de déficit en moins correspond à une moindre dépendance à l’endettement, dans un contexte où la collecte fiscale reste vigoureuse. Pour financer ses besoins, le Trésor dispose de deux leviers principaux: la croissance économique, génératrice de recettes fiscales supplémentaires, et la maîtrise des dépenses. Dans ce cas précis, c’est avant tout l’explosion des rentrées fiscales qui a permis de réduire le recours à l’emprunt.

La cartographie des créanciers du Trésor révèle également des évolutions significatives, souligne Les Inspirations Éco. La dette extérieure publique a atteint 468,2 milliards de dirhams en 2024, représentant 29,3% du PIB, et est détenue majoritairement par des créanciers multilatéraux (52,8%), suivis par des prêteurs bilatéraux (19,9%) et le marché financier international (27,3%). Pour la première fois depuis 2015, cette dette dépasse celle des autres emprunteurs publics. Parmi les principaux prêteurs internationaux, la Banque mondiale concentre près de 30,2% des créances, suivie par la Banque africaine de développement (16,2%), la France (11,8%), la BEI (10,2%), l’Allemagne (7,6%), le Fonds arabe pour le développement économique et social (4,1%) et le Japon (3,5%).

Du côté intérieur, les OPCVM dominent désormais le marché des obligations du Trésor avec 35,9% de l’encours, légèrement devant les banques (35,6%), confirmant leur montée en puissance. Les compagnies d’assurance représentent 13,8% de la dette domestique, un recul lié à leur orientation vers des opérations de financement innovantes, tandis que 14,7% sont détenus par d’autres organismes financiers, incluant des caisses de retraite et de grandes entreprises, notamment dans la distribution, qui utilisent les bons du Trésor comme placement sécurisé pour leurs liquidités.

La réussite de cette stratégie repose sur ce que les spécialistes appellent la «gestion active de la dette», commente Les Inspirations Éco. Il s’agit d’un ensemble de mesures visant à réduire le risque de refinancement en lissant l’échéancier des obligations et en maîtrisant les besoins de financement de l’État. Les opérations de rachat ou d’échange de titres, notamment ceux arrivant à maturité dans les 18 mois, ne cherchent pas à générer des gains immédiats, mais à sécuriser la structure de la dette et, à terme, à diminuer son coût global. Selon le ministère des Finances, cette approche méthodique constitue un levier essentiel pour assurer la stabilité financière de l’État tout en élargissant ses marges de manœuvre budgétaires.

Par La Rédaction
Le 04/11/2025 à 18h43