L’assemblée générale de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), qui se tient cette année à Marrakech, est l’occasion de remettre sur la table les dossiers chauds de l’actualité: guerre en Ukraine, crises énergétiques, forte appréciation des prix des denrées alimentaires, perturbation des chaînes d’approvisionnements… autant de points qui témoignent de la dégradation de l’économie mondiale, et qui amènent des programmes de financements conséquents.
Dans un contexte géopolitique difficile, la banque supranationale s’active pour relever les défis suscités par le conflit armé en Ukraine. «La BERD est pleinement mobilisée pour relever les défis créés par la guerre en Ukraine», a déclaré la présidente de la banque Odile Renaud-Basso. En atteste, l’enveloppe initiale débloquée (resilience and livelihood package, Ndlr.) pour accompagner l’Ukraine dans cette transition délicate et qui s’élève à 2 milliards d’euros. Ou encore, la réaffectation de près de 50 millions d'euros au réseau de transport d'électricité ukrainien afin d’assurer sa liquidité.
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Justement, l’Ukraine demeure au centre de l’attention des participants à cette première assemblée générale tenue en Afrique. «La guerre affectera chaque région de la BERD. En augmentant les prix de l'énergie et des denrées alimentaires, en sapant la sécurité énergétique et alimentaire, en augmentant l'inflation et en affaiblissant la croissance», a insisté Odile Renaud-Basso devant un parterre de décideurs, banquiers, personnalités de choix et journalistes. La BERD table également sur le soutien de ses donateurs et actionnaires pour maintenir l'économie ukrainienne à flot, en drainant «le secteur privé et les infrastructures clés».
Mais il faut dire que l’onde de choc est ressentie dans plusieurs régimes économiques à travers le monde et suscite de nombreuses interrogations quant à l’avenir du libre-échange et de l'interdépendance des Etats. «Est-ce qu’il est logique de convertir des terres à fort potentiel agricole en vue de les exploiter pour d’autres finalités alors qu’il est plus que jamais urgent de sécuriser son approvisionnement en matière de denrées alimentaires à un prix raisonnable?», s’est interrogé pour sa part le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. Des questions qui taraudent l’esprit d’un tas d’observateurs, tant les perspectives demeurent nébuleuses.
Le Royaume, qui subit de plein fouet ses tensions, n’est pas en reste. A en croire les projections de la BERD, si l’économie nationale affiche à fin 2021 bonne mine -une croissance de 7,4 % après une contraction de 6,3 % en 2020 due à la pandémie-, un léger repli (1,2 %) est à prévoir en 2022 en raison «d’effets météorologiques défavorables sur la production agricole et de l'impact de la guerre en Ukraine».
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Et d’ajouter: «Les perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale et les fortes hausses des prix des hydrocarbures devraient se prolonger l'année prochaine, même si le Maroc pourrait connaître un rebond de 3% de croissance en 2023, lorsque l'agriculture se rétablira et que le rythme de croissance retrouvera les niveaux pré-pandémiques».
Cela dit, le Maroc occupe une place non négligeable dans le portfolio de l’institution. La Banque a investi pas moins de 36 milliards de dirhams depuis le début de son activité au Maroc, il y a près d’une décennie. La BERD qui, malgré la frilosité de la conjoncture et le contexte pandémique, parvient à plutôt bien tirer son épingle du jeu. En effet, pas moins de 5,4 milliards d'euros ont été consentis à des projets à faible empreinte carbone, soit 51% de son volume d'affaires enregistré en 2021. Les bénéfices, quant à eux, s’établissent à plus de 2,5 milliards d'euros sur la même période.
La tenue de son assemblée générale à Marrakech témoigne de l’intérêt de la BERD pour le sud de la Méditerranée. En effet, près de 16 milliards d’euros sont investis dans le sud et l'est de la Méditerranée, qui comprend également l'Egypte, la Jordanie, le Liban, la Tunisie, la Cisjordanie et Gaza.