Immobilier: un marché en panne sèche

Revue de presseTransactions en chute, offre en décalage avec la demande, blocages administratifs… Le marché immobilier marocain traverse une crise profonde. Karim Librahimi, expert du secteur, décrypte les causes et propose des pistes concrètes pour relancer une dynamique durable. Cet article est une revue de presse tirée du magazine Challenge.

Le 09/07/2025 à 18h49

Le marché immobilier marocain tourne au ralenti. Selon les professionnels, les transactions ont baissé de 30% au premier semestre 2024, traduisant un attentisme généralisé et une crise de confiance, indique le magazine Challenge, dans une analyse dédiée.

«Il n’y a plus de rythme dans les ventes, la demande est gelée», indique Karim Librahimi, directeur de l’agence Le Point de Vente à Rabat, cité par le magazine.

Selon lui, cette chute est d’abord liée à une inadéquation structurelle entre l’offre, souvent chère et inadaptée, et la demande, concentrée sur les classes moyennes.

«On construit là où on a du foncier disponible, pas là où les gens veulent habiter», a-t-il déploré.

Le foncier devient rare et cher en centre-ville, tandis que les plans d’aménagement (PLU) imposent des contraintes lourdes, forçant les promoteurs à se rabattre sur la périphérie.

À cela, s’ajoute le durcissement des conditions de financement. Les particuliers voient leur capacité d’emprunt réduite avec la hausse des taux d’intérêt.

Quant aux promoteurs, ils sont contraints de préfinancer leurs projets sans préventes. «Cela bloque les mises en chantier et renchérit les prix», observe Librahimi.

Les lenteurs bureaucratiques viennent aggraver la situation, écrit Challenge.

Permis de construire, autorisations techniques, enregistrements notariaux… Tout prend du temps, beaucoup de temps.

Résultat, des projets gelés, des investisseurs découragés et une offre de logement insuffisante dans les zones tendues.

Autre problème pointé par l’expert, l’absence d’un cadre juridique clair, notamment autour de la VEFA (Vente en l’État Futur d’Achèvement), des résidences touristiques ou des taxes communales.

«La complexité des règles dissuade les petits promoteurs et les investisseurs institutionnels», a-t-il affirmé.

Cette stagnation pèse sur toute la chaîne. Les agences immobilières ferment, les promoteurs réduisent la voilure, les notaires voient leur activité baisser.

«Même les grands groupes sont à l’arrêt», souligne Librahimi. Et les citoyens, eux, sont doublement pénalisés.

Il est difficile d’acheter, et de plus en plus coûteux de louer.

Pour sortir de l’impasse, Librahimi propose un plan en dix points, incluant la création d’un guichet unique digitalisé pour accélérer les procédures, l’instauration d’un contrat-type pour la VEFA avec garantie d’achèvement et la stabilisation des PLU pour donner de la visibilité aux promoteurs.

L’expert plaide également pour un observatoire national des prix, afin de renforcer la transparence et un crédit immobilier encadré et garanti par l’État, ciblé sur les classes moyennes.

«Il faut refonder le secteur», plaide Librahimi, en appelant à une mobilisation des pouvoirs publics.

Pour lui, trois axes sont prioritaires: simplifier l’administration, adapter la réglementation et mieux orienter la production immobilière en fonction des besoins réels.

Faute de quoi, le marché restera à l’arrêt, au détriment des ménages comme des professionnels.

Par La rédaction
Le 09/07/2025 à 18h49