IDE: entre ambitions et vents contraires, le Maroc se positionne comme hub industriel et financier

Le Maroc se positionne comme un partenaire de premier plan pour les investisseurs internationaux, porté par sa stabilité politique, la modernité de ses infrastructures et son emplacement stratégique au carrefour de l’Europe, de l’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient.

Revue de presseAlors que la guerre commerciale et le ralentissement économique global fragilisent les chaînes d’approvisionnement internationales, le Maroc mise sur ses réformes structurelles, ses infrastructures et sa stratégie d’ouverture aux investisseurs étrangers pour se transformer en plateforme industrielle et financière régionale. Entre opportunités et défis, le Royaume tente de naviguer avec ambition dans un contexte international incertain. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 29/09/2025 à 20h08

Face à un ralentissement économique mondial accentué par les tensions commerciales, le Maroc s’affirme comme un acteur clé pour les investisseurs internationaux, grâce à sa stabilité politique, ses infrastructures modernes et son positionnement géographique stratégique à la croisée de l’Europe, de l’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient.

Le rapport Investment Climate Statement for Morocco 2025, publié par le département d’État américain fin septembre 2025 et repris par le quotidien L’Economiste dans son édition du mardi 30 septembre, souligne que le Royaume offre un environnement favorable aux capitaux internationaux, particulièrement dans les secteurs exportateurs tels que l’automobile, l’aéronautique, les énergies renouvelables et les technologies numériques.

Cependant, le contexte international reste incertain. Selon le Global Economic Outlook–September 2025 de Fitch Ratings, la croissance mondiale devrait tomber à 2,4% en 2025, contre 2,9% en 2024, conséquence directe du «choc tarifaire» américain. Les États-Unis, premier partenaire commercial du Maroc via l’accord de libre-échange bilatéral en vigueur depuis 2006, voient leur croissance ralentir à 1,6%. Cette combinaison de protectionnisme et d’inflation accrue, avec un taux moyen de droits de douane à 16%, le plus élevé depuis 1936, pèse sur la demande mondiale, y compris pour les produits marocains, écrit L’Economiste.

Le Maroc, fortement dépendant de l’Europe (la zone euro devrait croître de seulement 1,1%) et des chaînes de valeur mondiales, concentre ses efforts sur les secteurs clés identifiés par le département d’État américain. L’automobile, l’aéronautique et les industries exportatrices restent prioritaires, malgré un climat international marqué par le protectionnisme et les restrictions commerciales, susceptibles de freiner les investissements transfrontaliers, selon Fitch.

Pour pallier cette vulnérabilité, le Royaume mise sur sa stratégie de «passerelle vers l’Afrique», matérialisée par des projets d’infrastructures majeurs tels que les ports de Nador West Med et Dakhla Atlantic, ainsi que par sa participation à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Cette approche vise à diversifier les marchés et à renforcer la résilience économique.

Malgré un recul des investissements directs étrangers (IDE) de 50% en 2023, à 1,1 milliard de dollars contre 2,6 milliards en 2022 selon l’UNCTAD, les IDE ont connu un rebond spectaculaire au cours des neuf premiers mois de 2024, avec une hausse de 50,7%. La France représente 61,4% de ces flux, principalement dans l’industrie, l’immobilier et le tourisme. Cette dynamique est soutenue par la nouvelle Charte de l’investissement de décembre 2022, qui renforce les incitations fiscales, les aides à l’emploi et les subventions géographiques pour les régions moins développées, et par le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, doté de 1,5 milliard de dollars.

Les prochains grands événements sportifs, comme la Coupe d’Afrique des nations en décembre 2025 et la Coupe du monde 2030 coorganisée avec l’Espagne et le Portugal, sont perçus comme un moteur supplémentaire pour l’investissement en infrastructures. Le département d’État américain souligne que ces projets accroissent l’attractivité du Royaume, tandis que Fitch rappelle que les économies émergentes exposées aux chocs externes doivent renforcer leur résilience structurelle pour maintenir leur compétitivité.

«Le rapport américain 2025 met également en avant le rapprochement stratégique entre Rabat et Washington, notamment l’encouragement des investissements américains dans les Provinces du Sud, à la suite de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara», relève L’Economiste.

Les efforts du Maroc pour améliorer son climat des affaires passent par la création d’emplois, la modernisation des infrastructures (routes, ferroviaire, aéroports, ports, télécoms) et le développement du secteur numérique, témoignant d’une volonté de positionner le Royaume comme une plateforme régionale stable et dynamique.

Cependant, des obstacles persistent. Le département d’État pointe une bureaucratie lourde, une corruption résiduelle et un rythme parfois lent des réformes réglementaires. Sur le plan financier, le Maroc bénéficie néanmoins d’un cadre stable: le dirham est arrimé à un panier euro/dollar avec une bande de fluctuation de ±5%, la convertibilité totale des capitaux est garantie pour les investisseurs étrangers, et le système bancaire répond aux normes internationales. Le Royaume prépare également une législation sur les cryptomonnaies, alors que 16% de la population possède déjà du Bitcoin, illustrant son ouverture à l’innovation financière.

Par La Rédaction
Le 29/09/2025 à 20h08