Le suspense peut tourner à l’échec. C’est ainsi que l’on peut résumer la longue attente par le groupe Sefrioui sur son projet de construction d’une cimenterie à Fos-sur-Mer (sud-est de la France), un projet rapporté en exclusivité par le360.
En l’espace de deux semaines, la filiale du groupe qui porte cet investissement de 50 millions d’euros, Sudvrac, a eu deux nouvelles complètement opposées. Suite à l’enquête publique lancée par les autorités françaises, le Conseil municipal de Fos-sur-Mer a émis un avis défavorable sur ce projet auquel se sont opposées plusieurs parties, dont des employés de sociétés opérant dans la même région. Lors du vote, qui s’est déroulé le 15 juin, les élus auraient, selon nos informations, été unanimes pour s’opposer à la construction d’un centre de broyage et d’expédition de ciment au niveau de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer.
Bien qu’il reconnaisse l’intérêt que présente ce projet en terme de création d’emplois, le Conseil municipal a tout de même jugé qu’il aurait un impact économique défavorable sur la région. Cette déduction tient surtout au fait que le marché français du ciment a connu une baisse importante de la consommation sur la période 2012-2015, ce qui a conduit à la fermeture de plusieurs sites de production. «Ce secteur est déjà en surcapacité. Manifestement, il n’y a pas de besoins supplémentaires localement», peut-on lire dans la revue mensuelle de juillet éditée par le Conseil municipal de Fos-sur-Mer. Ce dernier justifie donc sa position contre le projet de Sudvrac par sa volonté de préserver les activités existantes dans la région et, de ce fait, les emplois qu’elles génèrent.
La décision finale entre les mains du préfetInterrogée par Le360 sur l’opposition du conseil municipal à son implantation à Fos-sur-Mer, une source autorisée au Groupe Sefrioui nous apprend qu’en dépit de cet avis défavorable, «en date du 27 juin 2016, le commissaire enquêteur a émis un avis favorable sans réserve à la réalisation du projet Sudvrac».
Il reste maintenant à savoir si le préfet des Bouches-du-Rhône, qui représente l’autorité compétente pour délivrer à Sudvrac le précieux sésame, tiendra réellement compte de cet avis consultatif du commissaire-enquêteur ou bien s’il s’alignera sur la position des élus de Fos-sur-Mer et les autres parties qui sont catégoriquement opposés au projet. La décision ne saurait tarder puisque cela fait déjà plus d’un mois que le commissaire-enquêteur a rendu son rapport. Un arrêté préfectoral devrait donc être publié prochainement pour annoncer la décision finale.
Vracs de l’estuaire, l’autre projet discret du groupe en FranceEn attendant cette décision, Le360 a appris que le projet de Fos-sur-Mer n’est pas le seul où le groupe Sefrioui est engagé en France. Une autre filiale dénommée Vracs de l’Estuaire, mène actuellement un projet de construction d’une autre cimenterie dans la région du Havre. En fait, selon nos sources, le groupe Sefrioui a opéré différemment dans cette région.
Au lieu de créer une nouvelle société et lancer un nouveau projet pour lequel il aurait fallu mener les mêmes démarches qu’à Fos-sur-Mer, le groupe a préféré racheter des participations dans la société Vracs de L’estuaire. Ainsi, via Ciment de l’Atlas, le groupe serait actuellement actionnaire à hauteur de 75% de cette société. Le projet de construction de la cimenterie se déroulerait actuellement selon le planning initial même si, là encore, des concurrents se seraient fortement opposés à sa réalisation.
C’est dire que, finalement, le groupe Sefrioui mène une bataille sur deux fronts en France avec comme ambition de devenir un des grands acteurs du ciment dans l’hexagone.