Groupe OCP: de nouveaux rebondissements dans l’affaire des engrais phosphatés au Kenya

Le siège de l'OCP à Casablanca.

Le siège de l'OCP à Casablanca. . DR

De nouveaux échantillons d’engrais importés par la filiale kényane du groupe marocain OCP doivent être analysés ce mercredi 20 février pour déterminer leur prétendue teneur en mercure.

Le 20/02/2019 à 11h23

La bataille juridique opposant la filiale du géant phosphatier marocain aux autorités kenyanes se poursuit. Ce mercredi 20 février, de nouveaux échantillons d’engrais importés par l'OCP Kenya doivent être prélevés par les autorités du Kenya avant d'être analysés suivant une ordonnance judiciaire pour que le retesting soit fait en présence des parties et par un laboratoire-arbitre international indépendant pour déterminer leur prétendu « forte teneur en mercure". 

Un petit rappel s’impose. En juin 2018, les autorités kényanes avaient procédé à la prise d’échantillons et à leur analyse. Suite à cela, elles avaient affirmé qu’il "y avait une forte présence de mercure". La défense du groupe OCP a toujours contesté la légalité de ces tests car ils avaient été menés en l’absence des représentants de sa filiale, ce qui constitue une violation des droits de la défense.

Selon nos informations, l'avocat de l'OCP n’a cessé de demander à ce que de nouveaux échantillons et analyses soient effectués, en présence des responsables de l’entreprise. Demandes auxquelles les autorités kenyanes s’opposaient fermement.

Suite à l’insistance de la défense de l'OCP Kenya, le magistrat principal de Milimani Law Court, Kennedy Cheruiyot, a finalement rendu, vendredi 15 février, une nouvelle ordonnance de prélèvement d’échantillons et de test d’engrais. L’opération aura lieu ce mercredi 20 février.

L’ancien directeur général du bureau kényan des standards (Kebs) et dix autres responsables font l’objet d’accusations dans cette affaire. Ils sont poursuivis pour "avoir autorisé l’importation et la livraison à l'OCP Kenya d’engrais non conformes". «Les mandats d’arrêt, locaux et internatonaux, lancés en 2018 contre des cadres de l’OCP Kenya et des responsables kenyans ont été tous levés», confie à Le360 une source proche du dossier.

L’année dernière, cette bataille juridique avait fait réagir le groupe marocain qui avait décidé de suspendre "temporairement tout acheminement de cargaisons vers le Kenya", après que les autorités de ce pays ont voulu immobiliser une cargaison d’engrais transportée par le navire MV Mykonos Bay.

Le groupe avait également affirmé respecter "scrupuleusement les normes éthiques les plus strictes dans ses pratiques commerciales et ses activités de production". D’ailleurs, le taux de mercure dans les engrais au Kenya est vingt fois inférieur à celui des engrais en Europe, tient à préciser nos sources. Voilà ce qui laisse supposer que cette affaire kenyane, dont les instigateurs cherchent à nuire à la notoriété et à l’excellence des engrais marocains, serait motivée par des intentions malsaines. Car le groupe OCP, plus qu’un leader mondial des phosphates et produits dérivés, est perçu par bon nombre de pays comme le bras armé du royaume du Maroc dans sa vision africaine. Or, toute la stratégie du groupe OCP repose sur l’incitation à la consommation des engrais laquelle va accroître la rentabilité de l’agriculture africaine et, partant, assurer la sécurité alimentaire du continent. Surtout que toutes les projections démographiques tablent sur un doublement de la population d’Afrique qui va atteindre 2,52 milliards d’habitants à l’horizon 2050.

Par Wadie El Mouden
Le 20/02/2019 à 11h23