Gaz butane: la décompensation expliquée par un économiste

Badr Lazhar est chercheur en droit des affaires et en économie et professeur à l’Université Hassan II de Casablanca.

Le 26/10/2023 à 14h31

VidéoTel qu’annoncé par le chef de l’Exécutif, le prix de la bonbonne de gaz butane connaîtra une hausse annuelle de 10 dirhams entre 2024 et 2026. Une différence subsistera toutefois entre les nouveaux prix et les tarifs réels, indexés sur le marché international. Elle continuera d’être supportée par la Caisse de compensation, explique un économiste pour Le360.

«La Caisse de compensation ne sera pas démantelée au 1er janvier 2024, date du lancement du soutien direct. Elle continuera à subventionner des produits jusqu’en 2026. Le prix du gaz butane sera augmenté, à partir d’avril 2024, de 10 dirhams chaque année, pendant trois ans. La bonbonne coûtera désormais 50 dirhams, et la différence entre ce montant et le prix réel, qui est actuellement d’environ 140 dirhams, soit 90 dirhams, continuera à être supporté par l’État», a expliqué Badr Lazhar, chercheur en droit des affaires et en économie, et professeur à l’Université Hassan II de Casablanca, dans une déclaration pour Le360 .

Ce dernier explique ainsi qu’en 2026, le consommateur devra payer sa bonbonne de gaz à «70 dirhams, alors que l’État compensera la différence avec une aide de 70 dirhams», selon les cours internationaux actuels du gaz. «Comme l’a déclaré Aziz Akhannouch, la Caisse de compensation ne sera pas totalement démantelée et les prix ne seront pas libéralisés. Au pire des cas, le gouvernement prévoit la mise en place d’un plafonnement des prix», jusqu’ici subventionnés, a assuré notre interlocuteur.

Au titre de l’année 2023, la Caisse de compensation devrait coûter au budget de l’État près de 16 milliards de dirhams, dépensés essentiellement pour soutenir les prix du gaz, de la farine et de l’huile. Pour faire face aux divers programmes de réformes et de dépenses (santé, couverture sociale, éducation, enseignement supérieur…), «l’État a besoin de l’argent qu’il récoltera à partir des impôts, mais aussi d’une réduction des dépenses», a expliqué Badr Lazhar.

Pour l’économiste, le Registre social unifié, qui servira d’unique base pour verser des aides aux foyers défavorisés (une aide générale de 500 dirhams, augmentée d’allocations familiales), «restera ouvert pour enregistrer de nouveaux bénéficiaires et pour en extraire ceux dont la situation sociale s’est améliorée», a-t-il détaillé. Au total, quelque 2,5 millions de ménages devraient bénéficier de cette aide directe à partir de 2024, ce qui nécessitera un budget global avoisinant les 25 milliards de dirhams.

Reste la question de la classe moyenne, qui risque d’être impactée par les diverses hausses, dont celles des taux de TVA sur différents produits et services (gaz, électricité, eau et autres). Notre interlocuteur estime à cet égard que «l’aide de 70.000 dirhams pour l’achat d’un logement de moyen standing de plus de 300.000 dirhams n’est pas suffisante pour alléger les fardeaux de cette classe». «La seule solution passe par une hausse des salaires, en espérant que les augmentations prévues dans le cadre des diverses réformes des statuts de fonctionnaires puissent voir rapidement le jour», conclut Badr Lazrak.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Fahd Rajil
Le 26/10/2023 à 14h31