Fort rebond des IDE au Maroc: +43,4% à près de 40 milliards de dirhams à fin août 2025

L’industrie est le premier secteur des IDE au Maroc en 2024, suivi de l’immobilier et du commerce.

Les investissements directs étrangers au Maroc enregistrent une nette montée en 2025, avec une progression de plus de 43% à fin août. Une dynamique qui s’inscrit dans une décennie marquée par la domination française, la montée en puissance des Émirats, la diversification des secteurs bénéficiaires et l’affirmation du Royaume comme hub industriel régional.

Le 03/10/2025 à 08h25

Selon les derniers indicateurs mensuels des échanges extérieurs publiés par l’Office des changes, les investissements directs étrangers (IDE) au Maroc ont progressé de +43,4%, s’élevant à 39,27 milliards de dirhams (MMDH) à fin août 2025.

Cette évolution renforce nettement la reprise amorcée en 2024. Après un niveau de 20,12 MMDH en 2021, les flux avaient déjà enregistré un bond à 27,43 MMDH en 2022, avant de fléchir en 2023 à 22,73 MMDH.

Le niveau record atteint en 2025 traduit un regain de confiance des investisseurs internationaux dans l’économie marocaine, porté par la diversification des secteurs attractifs et le renforcement des partenariats stratégiques.

Une trajectoire en dents de scie, mais une tendance haussière

Entre 2015 et 2025, les IDE ont affiché une évolution fluctuante, mais globalement positive. Après 39,9 MMDH en 2015, ils ont reculé pendant deux ans avant de rebondir pour culminer à 46 MMDH en 2018, un sommet inédit.

La période suivante a été marquée par un repli, puis par une reprise en 2022 (40,3 MMDH) et une nouvelle hausse en 2024 (43,8 MMDH), soit le deuxième meilleur niveau de la décennie.

La France, partenaire historique et leader incontesté

Sur la décennie, la France s’impose comme le premier investisseur étranger au Maroc, représentant en 2024 près de 31% des IDE (plus de 13,5 MMDH), principalement orientés vers l’industrie, l’immobilier et le tourisme. L’Irlande avait toutefois brièvement ravi la première place en 2018, avec 9,65 MMDH d’investissements contre 7,7 MMDH pour la France.

La montée en puissance des Émirats arabes unis

En 2024, les Émirats arabes unis ont franchi un cap historique en devenant le premier investisseur étranger en termes de flux nets de capitaux, avec 3,1 MMDH (18,9% du total), devant les partenaires traditionnels européens. Cette percée illustre l’intérêt croissant des capitaux du Golfe pour le Maroc, notamment dans l’immobilier et l’industrie manufacturière.

L’industrie en tête des secteurs bénéficiaires

La répartition sectorielle des IDE met en avant la primauté de l’industrie, qui concentrait en 2024 plus de 37% des flux (16,4 MMDH). L’immobilier arrive en deuxième position (9,6 MMDH), suivi du commerce (2,9 MMDH), de l’énergie et mines (2,4 MMDH) et du tourisme (1,8 MMDH). Depuis 2019, l’industrie occupe systématiquement le premier rang, reflétant l’essor des filières automobile, aéronautique et énergies renouvelables.

Un hub régional malgré les vents contraires

Grâce à sa stabilité politique, ses infrastructures modernes et sa position géographique stratégique, le Maroc s’impose de plus en plus comme une plateforme industrielle régionale. Le rapport 2025 du département d’État américain confirme cette attractivité, en soulignant le potentiel des secteurs exportateurs et l’impact de la Charte de l’investissement et du Fonds Mohammed VI.

Cependant, des défis persistent: une bureaucratie encore lourde et un rythme lent des réformes réglementaires. De plus, le ralentissement économique mondial (croissance attendue à 2,4% en 2025 contre 2,9% en 2024, selon Fitch Ratings) et la montée du protectionnisme constituent des menaces pour la fluidité des flux d’investissement.

Pour y faire face, le Maroc mise sur son rôle de passerelle vers l’Afrique (ports de Nador West Med, Dakhla Atlantic, ZLECAf), ainsi que sur les grands événements sportifs (CAN 2025, Coupe du monde 2030) qui stimuleront les investissements en infrastructures.

Par Lahcen Oudoud
Le 03/10/2025 à 08h25