Ferroviaire: où en est le programme de sécurisation des passages à niveau?

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L’accident de train du 17 février a reposé le problème de la sécurisation des passages à niveau. Pourtant, en 2012, le roi Mohammed VI avait déjà appelé à trouver des solutions. Qu’a-t-il été concrètement fait depuis? Décryptage.

Le 26/02/2018 à 17h46

Le tragique accident survenu le 17 février courant, qui a coûté la vie à sept personnes lorsqu’un train de marchandises a percuté un minibus sur un passage à niveau, a mis sous le feu des projecteurs l’Office national des chemins de fer (ONCF) et tout particulièrement son travail de sécurisation de ces passages.

Le communiqué diffusé suite à ce drame, et qui annonçait un ordre royal pour l’ouverture d’une enquête, a d'ailleurs bien précisé qu’une commission conjointe entre l’inspection générale de l’administration territoriale et l’inspection générale du ministère de l’Equipement, déterminerait les responsabilités et, surtout, procéderait «à une révision globale et à un examen complet de toutes les mesures relatives à la sécurité des passages à niveau».

C’est dire qu’une partie importante du travail d’enquête actuellement en cours est consacrée au programme national de sécurisation de la traversée de la voie ferrée aux passages à niveau. Ce dernier avait été lancé en novembre 2012 avec un budget de 1,5 milliard de dirhams. Il faisait suite aux instructions royales appelant les services concernés à assurer toutes les conditions de sécurité sur l’ensemble des passages à niveau à travers le pays.

Qu’en est-il donc de ce programme? La tragédie du 17 février est-elle synonyme de son échec ou de dysfonctionnements dans sa mise en œuvre? Il faudra attendre les résultats de l’enquête pour en avoir le cœur net. Ceci dit, force est de constater déjà que les données communiquées régulièrement par l’Office national des chemins de fer (ONCF) font ressortir des avancées majeures dans ce domaine suite au lancement de ce programme.

A titre d’illustration, à fin mai 2017, l’ONCF comptabilisait la suppression de 170 passages à niveau sur les 180 prévus et leur remplacement par des ouvrages de franchissement. A la même date, 205 passages à niveau non gardés sur les 260 existants avaient été équipés d'un système de fermeture automatique des barrières. L’ONCF a, en outre, procédé à la construction de plus de 960 kilomètres de clôture sur un linéaire de 1.200 km programmés, de 15 passerelles pour piétons sur les 55 prévues, sachant que les travaux étaient en cours l’année dernière pour les 40 restantes.

En d’autres termes, des efforts ont réellement été déployés pour sécuriser les passages à niveau et les objectifs du programme lancé dans ce cadre sont quasiment atteints. Les résultats s’en sont d’ailleurs fait sentir au niveau des statistiques relatives aux accidents. Selon les données rendues publiques par l’ONCF, sur la période allant de 2011 à 2016, il a été enregistré une réduction de 90% du nombre d’accidents sur les passages à niveau. Le nombre de décès sur ces passages a été réduit de plus de 90%. Et les accidents de personnes en pleine voie ont diminué de moitié.

Est-ce suffisant? Certainement pas, comme le prouve le tragique accident du 17 février, même si, selon des témoins, le minibus a forcé les barrières baissées du passage à niveau.

Par Younès Tantaoui
Le 26/02/2018 à 17h46