«Le contexte actuel des taux n’est pas sans effets négatifs sur l’épargne des ménages qui voient leurs efforts pratiquement anéantis», a souligné d’emblée le wali de Bank Al-Maghrib, lors de son intervention ce jeudi 7 novembre en marge d’une conférence conjointe avec Barid Al-Maghrib et la CDG, à l’occasion de la Journée mondiale de l’épargne.
Au Maroc, a-t-il ajouté, l’épargne des ménages, qui se situe autour de 14% de leur revenu disponible brut, serait beaucoup plus faible en comparaison internationale sans les transferts des Marocains résidant à l’étranger et la faiblesse des cotisations.
Les données de l’enquête Findex 2017 de la Banque Mondiale montrent que la proportion de la population en âge d’activité qui épargne est deux fois moins élevée au Maroc que la moyenne des pays de la catégorie à revenu intermédiaire-inférieur. Ces niveaux seraient encore plus bas si l’on se limitait à l’épargne auprès des institutions financières. «Cette situation ne semble pas s’améliorer comme le laisse indiquer l’évolution des dépôts bancaires», se préoccupe Jouahri, en rappelant le ralentissement des dépôts des ménages au cours de ces dernières années. Selon les statistiques de Bank Al-Maghrib, la progression des dépôts à vue est en nette décélération et ceux à terme ont perdu près de 10% de leur volume depuis fin 2015.
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Le wali estime que ces constats sont liés au poids encore important, voire croissant selon les données de 2014 du HCP, des activités informelles qui se traduisent par une prépondérance relative du cash tant au niveau du paiement des transactions que de la thésaurisation. Cela conduit in fine à un affaiblissement de l’épargne mobilisée à travers le canal des circuits financiers formels.
Jouahri avance deux catégories d’actions à envisager pour remédier à cette situation. La première consiste à accroître le potentiel à moyen et long termes de cette épargne par l’accélération de la croissance, l’amélioration de l’emploi et surtout de sa productivité. La seconde catégorie consiste à mieux exploiter à plus court terme le potentiel mobilisable.
«Ce défi interpelle en premier lieu la communauté financière dans sa globalité, autorités publiques, régulateurs, système bancaire, institutions financières... Il s’agit de poursuivre le développement de notre système financier, en particulier par l’élargissement et la diversification des opportunités et des produits de l’épargne parallèlement à l’élargissement de l’accès aux services financiers à un plus grand nombre de ménages», conclut le wali de Bank Al-Maghrib.