Le groupe industriel canadien Bombardier, qui connaît de graves difficultés financières, a annoncé jeudi la mise en vente de ses activités aéronautiques à Belfast en Irlande du Nord, ainsi qu’à Casablanca au Maroc.
Derrière la cession de ses activités «non stratégiques», Bombardier veut rapprocher ses activités d’avions d’affaires et de court courrier. «La cession des activités de fabrication aérostructures à Belfast en Irelande et au Maroc fait partie de la stratégie de repositionnement stratégique du groupe», explique une source proche du dossier.
L’information du retrait du Maroc, actée par un communiqué publié à l'occasion de la présentation des résultats de Bombardier pour le premier trimestre 2019, a pris de court le microcosme industriel de la zone franche de MidParc à Casablanca, qui abrite l’usine marocaine de l’avionneur canadien, installée cela fait à peine quatre ans.
Encore plus surprenant, l’annonce du retrait du Maroc intervient trois mois après le lancement des travaux d’extension du site casablancais, qui occupe une surface additionnelle de 14.500 mètres carrés.
A rappeler aussi que dans un mémorandum d’entente signé avec le gouvernement en 2011, Bombardier s’était engagé à investir 200 millions de dollars américains pour le développement d'une unité de production industrielle de calibre mondial, tablant sur un objectif de 850 emplois directs à l’horizon 2020.
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Selon nos informations, les autorités marocaines étaient déjà informées de la décision de l’industriel canadien. Le 16 avril dernier, lors de sa visite au Canada, le ministre de l’Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy, s’est entretenu avec le PDG de Bombardier Monde. Sur sa page Facebook, il a partagé une photo immortalisant cette rencontre, accompagnée du commentaire suivant: «Rencontre hier avec un ancien camarade de promotion de l'université de Sherbrooke, M. Alain Bellemarre, Président et CEO de Bombardier Monde. Excellent échange sur le développement de projets stratégiques communs au Maroc».
Le premier «projet commun» consisterait à préparer la relève et s’assurer que le retrait de Bombardier se concrétise avec le moins de dégâts possibles.
«Le site de Casablanca, qui emploie plus de 400 personnes, est le plus performant du réseau de production de Bombardier Aéronautique. Il ne sera pas impacté négativement par la cession réalisée», tient à rassurer un responsable au ministère de tutelle.
«Mis à part le changement de l’actionnariat, aucun impact n’est à signaler au niveau de l’activité de l’usine de Casablanca. Tous les contrats seront maintenus», est-il précisé.
Bombardier Casablanca assemblait jusqu’ici pour le compte de la maison-mère canadienne des pièces de structure, en aluminium, pour l’aviation d’affaires, notamment à destination du CRJ, du Global 5000 et du Global 6000.
Ces activités ont été réalisées en colocalisation avec le site irlandais de Belfast. Les deux sites ont d’ailleurs remporté ensemble, fin décembre 2017, le contrat avec AIRBUS pour l’assemblage des inverseurs de poussée de l’A320NEO.
Bombardier Aerostructures & Engineering Services (BAES), la maison-mère de Belfast et Casablanca, est la division en charge de la fabrication aéronautique au sein du groupe Bombardier.
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Cette activité de fabrication, la plus fortement soumise aux impératifs de coûts, est concurrencée par les fournisseurs de rang 1 des avionneurs, également fournisseurs de structures comme le leader américain SPIRIT, ou les français STELIA et FIGEAC Aéronautique, déjà présents à Casablanca, explique cet expert aéronautique.
La tendance du secteur étant à l’optimisation des coûts, poursuit la même source, le repreneur devrait augmenter la charge «Maroc» au-delà du seul contrat des inverseurs de poussée, dont le transfert doit démarrer dès 2020 et poursuivre les contrats déjà obtenus par Casablanca mais non encore annoncés.
Selon nos informations, parmi les repreneurs potentiels figurent de grands noms de la fabrication d’aérostructures comme l’américain Spirit, en fort développement et proche de Boeing, ou encore le britannique GKN, en recherche d’options face au Brexit. L’avionneur européen Airbus, dont la supply chain est déjà bien ancrée au Maroc, pourrait également être un candidat de poids.