Alors que le gouvernement entend déployer un ambitieux programme de soutien direct aux populations les plus défavorisées, la décompensation s’impose pour dégager une partie des finances nécessaires à ce programme. Si à ce jour, l’exécutif n’a pas encore détaillé son plan d’action, le chef du gouvernement a déjà annoncé la levée successive de la compensation sur le gaz butane. Que représente réellement le poids de la subvention de cette matière essentielle au quotidien des Marocains?
La subvention annuelle moyenne octroyée pour une bonbonne de gaz butane de 12 kg a connu une progression substantielle ces cinq dernières années, passant de 58 dirhams en 2018 à 95 dirhams en 2022. Entre janvier et septembre 2023, la subvention moyenne pour une bonbonne de 12 kg de gaz butane s’est élevée à environ 68 dirhams.
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Depuis la fin du dernier millénaire, la taille du marché marocain du gaz butane a pratiquement triplé en termes de consommation, ce qui positionne le Royaume parmi les plus grands marchés mondiaux pour ce produit. En 2022, la consommation nationale a atteint 2,73 millions de tonnes, soit l’équivalent de 227,3 millions de bonbonnes de 12 kg.
Le Maroc, le pays qui subventionne le plus
Selon le ministère de l’Économie et des finances, l’augmentation de la demande nationale peut être expliquée par divers facteurs, notamment la croissance de la population, l’urbanisation et l’amélioration du niveau de vie. Néanmoins, «grâce aux efforts déployés par l’État, les citoyens marocains jouissent, en dehors des pays pétroliers de la région MENA, de l’un des prix les plus bas au monde, conjointement avec une chaîne d’approvisionnement hautement développée», précise-t-on.
La flambée du cours du gaz butane en 2022, de 17% en glissement annuel, conjuguée à une montée de la consommation de plus de 2,2% par rapport à l’année 2021, a eu un impact significatif sur la charge de compensation qui s’est élevée à 21,6 milliards de dirhams à fin 2022.
En comparaison avec les dépenses publiques, le poids de la subvention du gaz butane au Maroc est le plus élevé au monde (5,8% du budget de l’Etat hors collectivités territoriales), se démarquant nettement de la fourchette observée dans les grands pays subventionnant la consommation de ce produit, tels que l’Inde, l’Égypte, l’Indonésie et la Tunisie, où cette part varie de 0,20% à 2,7%.
Financer l’aide directe
Tel qu’il a été annoncé par le chef du gouvernement, la réforme de la compensation aura lieu à partir de l’année prochaine. Le prix de la bonbonne de gaz butane connaîtra ainsi une hausse annuelle de 10 dirhams entre 2024 et 2026. Le prix de la bouteille de gaz de 12 kg devrait coûter 50 dirhams à partir de l’année prochaine.
Cette première étape de décompensation contribuera à réaliser d’importantes économies. En prenant en considération les besoins de consommation annuels du Maroc en gaz butane en 2022, l’Etat pourrait économiser jusqu’à 2,27 milliards de dirhams l’année prochaine.
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Cette enveloppe devra, entre autres, servir à financer le grand chantier d’octroi d’aides directes aux populations les plus vulnérables qui devra mobiliser 25 milliards de dirhams dès l’année prochaine et 40 milliards de dirhams annuellement à partir de 2026.
Pour couvrir les futurs besoins, le gouvernement entend, au cours des trois prochaines années, mobiliser 20 milliards de dirhams en fonds propres, 6 milliards de dirhams de recettes fiscales sous forme de contributions sociales de solidarité des entreprises et de contributions libératoires sur les avoirs et biens détenus par des Marocains à l’étranger, a indiqué Aziz Akhannouch.
L’exécutif entend également mobiliser 15 milliards de dirhams à travers la rationalisation, le regroupement ou la réaffectation des budgets alloués à d’anciens programmes sociaux. Tout comme il vise la mobilisation de 9 milliards de dirhams au titre des réserves du Fonds d’appui à la cohésion sociale au titre de l’année 2024.