L’Alliance des Économistes Istiqlaliens (AEI) a présenté ses recommandations pour le prochain Projet de Loi de Finances 2026, soulignant la nécessité d’un budget ambitieux mais équilibré. Dans un contexte international marqué par des incertitudes économiques persistantes, des tensions géopolitiques et les impacts croissants du changement climatique, l’AEI appelle à un budget centré sur la consolidation de l’État social, le soutien au pouvoir d’achat et l’accélération de l’investissement privé, écrit le magazine Finances News Hebdo.
Selon l’AEI, le Maroc devrait clore 2025 avec une croissance estimée à 4,5%, une inflation maîtrisée autour de 1% et un recul du chômage. Toutefois, les économistes mettent en garde contre la volatilité des prix mondiaux et l’incertitude sur la production céréalière, facteurs susceptibles de freiner la dynamique de croissance. L’Alliance souligne que, malgré des indicateurs positifs, la stabilité économique reste dépendante de mesures internes et de la résilience face aux chocs externes.
Pour orienter la politique budgétaire de 2026, l’AEI propose plusieurs mesures concrètes. Elle recommande d’accélérer la mise en place de l’État social en révisant les critères d’éligibilité aux aides directes via le registre social unifié, en renforçant la couverture médicale des travailleurs saisonniers, en doublant les allocations destinées aux personnes handicapées, en réformant les retraites et en améliorant la coordination entre les caisses sociales et les organismes de santé, lit-on.
Pour soutenir le pouvoir d’achat, l’AEI préconise de poursuivre la réforme de l’impôt sur le revenu en renforçant sa progressivité et en instaurant des déductions fiscales pour les frais de scolarité. Les économistes suggèrent également de lutter contre la spéculation sur les prix des viandes et de renforcer les mécanismes d’épargne tels que le PEE, le PEL et le Plan Éducation.
L’Alliance insiste également sur la valorisation du milieu rural en organisant la filière laitière, en diversifiant les sources de revenus par le développement du tourisme et la transformation locale, en réduisant le coût d’accès à Internet et en créant des coopératives d’intrants agricoles, résume Finances News. Pour réduire les inégalités territoriales, l’AEI recommande de lancer de nouveaux programmes de développement centrés sur la santé, l’éducation et les infrastructures, tout en créant un Observatoire National du Développement des Territoires (ONDT) chargé de suivre les disparités régionales et d’orienter les politiques publiques.
La création d’emplois de qualité constitue un autre axe prioritaire. Les économistes préconisent de réviser les programmes Idmaj, Tahfiz et Taehil, d’élargir l’appui de l’ANAPEC, d’accorder des exonérations fiscales pour l’emploi formel et de lancer des programmes verts incluant des plantations, la création de ceintures vertes et la lutte contre le plastique.
L’AEI souhaite également stimuler l’initiative privée. Pour cela, elle propose de rendre pleinement opérationnelle la charte d’investissement, de réformer le statut d’auto-entrepreneur avec des plafonds rehaussés et d’accompagner les entreprises innovantes en collaboration avec des instituts de recherche.
La diversification des recettes publiques est également essentielle. L’Alliance recommande de réviser les dépenses fiscales, de relever la part de la TVA affectée aux collectivités territoriales, d’améliorer la gestion du patrimoine public et de permettre aux régions de créer des sociétés foncières ou de percevoir une redevance minière.
Enfin, l’AEI insiste sur la poursuite de l’investissement public, en donnant la priorité aux projets liés à la Coupe du Monde 2030, aux infrastructures hydriques et énergétiques, en renforçant le recours aux partenariats public-privé et en mettant en place un comité indépendant chargé d’évaluer la soutenabilité des finances publiques.
Pour l’AEI, l’objectif est de poursuivre la trajectoire d’émergence du Maroc tout en consolidant la cohésion sociale. Les économistes istiqlaliens insistent sur la rationalisation des dépenses publiques, la transparence budgétaire et l’implication des collectivités locales, tout en réaffirmant leur soutien aux orientations royales pour un développement inclusif et durable.








