Dans un entretien avec Le360, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences a affirmé, au lendemain du vote parlementaire, que ce nouveau texte, qui remplace l’avant-projet de loi de 2016, supprime les sanctions privatives de liberté dans le cadre des grèves.
Ce nouveau projet de loi organique est destiné à «défendre les intérêts des travailleurs et à préserver les droits des employeurs», a déclaré Younes Sekkouri. Il a également ajouté: «C’est la fin de la grève politique, c’est-à-dire la fin de cette disposition qui empêchait, pour des considérations politiques, le recours à la grève.»
Selon le ministre, «la grève a été libérée aujourd’hui de ses contradictions», car «le Maroc a une histoire en la matière, et il ne s’agit pas, au 21ème siècle, de vouloir cantonner la grève à des aspects plus ou moins techniques». Il a également souligné que «les salariés ont le droit de s’exprimer autant qu’ils le souhaitent, de manière pacifique et dans le respect de la loi».
Younes Sekkouri a indiqué avoir accepté des dizaines d’amendements proposés aussi bien par l’opposition que par la majorité. «C’est également une manière de montrer que nous sommes à l’écoute de notre société, et c’est le devoir du gouvernement de le faire», a ajouté le ministre, tout en saluant «l’esprit dans lequel le vote s’est déroulé, avec la présence en nombre des députés, des chefs de groupes parlementaires, et des représentants de tous les partis siégeant au Parlement». Il a par ailleurs précisé que des articles fondamentaux de la loi ont été adoptés à l’unanimité.
Lire aussi : Projet de loi sur le droit de grève: le préambule du texte adopté, début d’examen des amendements
Il s’agit notamment du premier article, qui fait office de préambule en renvoyant à la Constitution ainsi qu’à toute la dynamique des droits de l’Homme instaurée dans notre pays. «La reformulation du deuxième article n’a été possible qu’après un long débat», a affirmé le ministre.
Cet article concerne le champ d’application, c’est-à-dire l’identification des personnes concernées, «afin que ce projet de loi soit inclusif». Le ministre a ajouté: «Nous avons élargi le droit de grève non seulement aux travailleurs, qu’ils soient dans le secteur public ou privé, mais également aux professions libérales, qui peuvent également connaître des mouvements de débrayage.» Enfin, Younes Sekkouri a évoqué la réduction de la durée du préavis de grève, qui est passée de 30 à 10 jours.
Ce projet de loi organique sur le droit de grève, en attente depuis 62 ans dans les tiroirs de l’Exécutif, sera soumis lundi prochain à une séance plénière de la Chambre des représentants avant d’être transféré à la Chambre des conseillers pour une deuxième lecture.