Tel qu’il a été fixé dans la charte s’y rapportant, signée en avril 2022, un nouveau round de négociations a démarré il y a quelques semaines dans le cadre du dialogue social. Si les syndicats aspirent à une revalorisation des salaires, le patronat, lui, exige en contrepartie une réforme du Code du travail ainsi une loi pour encadrer le droit de grève.
Interrogé sur la revalorisation du SMIG, lors d’une conférence de presse organisée le jeudi 4 mai à Casablanca, Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a répété que le patronat n’était pas prêt à accepter une nouvelle hausse des salaires si l’accord tripartite signé avec le gouvernement et le syndicat n’est pas respecté.
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«Le contrat est clair, les trois parties doivent le respecter. Nous avons déjà fait preuve de bonne foi et nous avons accepté à deux reprises une augmentation des salaires de 5%, mais rien n’a été fait de l’autre côté. Il faut revoir aujourd’hui le Code du travail et le droit de la grève pour pouvoir aller de l’avant», a-t-il souligné.
L’intérim prend de la place
Selon le patronat, ces réformes devraient profiter aux trois parties puisqu’elles permettraient de réinstaurer la confiance entre les employeurs et les salariés et d’accompagner le déploiement de la nouvelle Charte de l’investissement.
Selon Chakib Alj, la réforme du Code du travail aura pour première vertu d’encourager les recrutements, dans un écosystème où les employeurs ont de plus en plus recours aux travailleurs intérimaires. «Nous le constatons tous les jours, les entreprises préfèrent payer plus cher et faire appel à des intérimaires plutôt que d’embaucher. Cela montre qu’il existe vraiment un malaise et une crise de confiance chez les employeurs», a-t-il précisé.
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Et d’ajouter: «Il y a aussi un problème au niveau de la justice, qui prend le plus souvent parti pour l’employé et ne défend pas assez l’entreprise. Nous avons besoin de réinstaurer la confiance. On est bien partis pour, car il y a une prise de conscience de tous les côtés et nous devons surmonter ces problématiques pour avancer».
La réforme urgente des retraites
Alors que le déficit des caisses de prévoyance sociale ne cesse de se creuser, le président de la CGEM estime qu’une autre réforme s’impose à l’heure actuelle, celle des régimes des retraites. Pour Chakib Alj, le relèvement de l’âge du départ à la retraite ne devrait ni être un frein ni être examiné sous ce qu’il a nommé «le prisme français», et ce pour plusieurs considérations.
«Sur la question de la retraite je pense que nous sommes plus influencés par ce qui se passe en France, alors que ce n’est pas la même configuration qu’ici. Dans des pays comme l’Espagne, l’Allemagne ou l’Angleterre, l’âge de départ à la retraite va passer à 67 ans et plus, et personne n’en parle», a-t-il souligné.
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Et d’ajouter: «C’est une équation mathématique très simple. Nous avons le choix entre trois solutions: augmenter l’âge de départ à la retraite, augmenter les cotisations ou réduire les prestations. Mais ce qui est certain, c’est que nous devons résoudre cette question le plus tôt possible, pour éviter de creuser davantage le déficit».
Les études menées par l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) en 2020 ont conclu que les principaux régimes de retraite au Maroc arriveront à épuisement durant les prochaines années. Les projections de la CNSS montrent quant à elles que son régime enregistrerait son premier déficit global dès 2027, et que l’épuisement de ses réserves est prévu en 2040.
La sentence est similaire pour les deux régimes du secteur public, gérés respectivement par la Caisse marocaine des retraites (CMR-RPC) et la Caisse nationale de retraites et d’assurances (RCAR-RG). La date du premier déficit global du régime CMR-RPC a été déjà enregistrée en 2015, pour un épuisement des réserves attendu en 2028. Quant au régime RCAR-RG, son déficit global interviendrait en 2023, alors que l’épuisement de ses réserves est attendu en 2044.