On aura beau lancer des débats, mettre en place de nouvelles réglementations, voire menacer les réfractaires, il n’en demeure pas moins que la problématique des délais de paiement est loin d’être du passé. La situation est telle aujourd’hui que rares sont encore les entreprises qui règlent leurs fournisseurs à temps.
C’est ce qui ressort de la dernière enquête sur le sujet menée par Bank Al-Maghrib et dont se fait écho l’Economiste dans son édition du lundi 4 août. Selon la publication, la banque centrale a relevé que plus du tiers des entreprises au moins règlent leurs fournisseurs au-delà du délai réglementaire de 60 jours. Pis, un cinquième des sociétés affichent des délais de paiement dépassant les 120 jours, ce qui prouve que le mal est encore loin d’être éradiqué, voire qu’il se propage.
Dans ce contexte, il semblerait qu’un grand nombre d’entreprises au Maroc soient hors la loi, et cela n’est certainement pas sans conséquence sur les performances de l’économie du pays. Et pour cause, comme le rappelle l’Economiste, les TPE et PME, qui représentent 95% du tissu économique, sont celles qui ont le plus de mal à se faire payer par leurs clients à temps. Du coup, au lieu de se consacrer au développement de leur activité, elle passe une grande partie de leur temps à faire du recouvrement.
Et si jusque-là tout un procès était fait aux grandes entreprises – dont certaines labellisées RSE, ce ne sont certainement pas les résultats de l’enquête de Bank Al-Maghrib qui les blanchira. En effet, celle-ci souligne que toutes ne prennent pas encore suffisamment au sérieux la problématique.
Par ailleurs, l’enquête démontre que ce n’est pas un ou deux secteurs qui souffrent du problème, mais que la tendance est quasi-générale. Dans la construction par exemple, on enregistre un rallongement de 40 jours des délais de paiement en une année. Dans le transport et l’entreposage, il faut compter dix jours en plus en moyenne, tandis que dans le secteur de l’hébergement et de la restauration, le rallongement est évalué à 9 jours en moyenne.
Ce ne sont là que des exemples de secteurs qui pâtissent le plus du phénomène. L’Economiste en appelle donc à des mesures radicales pour que tout le monde se conforme à la loi.