Le premier Conseil de Bank Al-Maghrib de l’année 2021 se tiendra mardi prochain. L’occasion pour Abdelatif Jouahri, wali de BAM, de brosser un tableau de la situation économique et financière du Maroc, un an après le début de la crise sanitaire, et de livrer ses perspectives macroéconomiques pour les prochains mois.
Les acteurs économiques scruteront, en particulier, la nouvelle prévision de croissance du PIB établie par la banque centrale. En décembre dernier, à l’issue de son dernier Conseil, la Banque centrale avait pronostiqué une croissance de 4,7% pour 2021, sur la base d’une campagne céréalière «moyenne» de 75 millions de quintaux. En janvier, le haut commissariat au Plan (HCP) avait, de son côté, tablait sur un taux de croissance en 2021 de 4,6%, en se basant sur la même hypothèse concernant la campagne céréalière.
Or, entre-temps, des pluies abondantes ont arrosé les terres du Royaume durant tout le premier trimestre 2021, faisant espérer une campagne céréalière supérieur à la moyenne de 75 millions de quintaux.
Dans le Gharb par exemple, l’un des plus grands bassins agricoles du Maroc, la campagne céréalière se présente sous de très bons auspices. Les précipitations ont atteint une moyenne régionale de 444 mm, avec un pic de 540 mm dans la zone côtière, contre 200 mm lors de la campagne précédente, soit une augmentation de 122, accélérant le rythme des travaux du sol, des emblavements et des ventes d’intrants.
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La Banque centrale devrait donc intégrer, dans son modèle de prévision, cette nouvelle donne. De quoi permettre à l’économie, en principe, de gagner quelques dixièmes de points de PIB, voire plus.
La révision à la hausse de la croissance, grâce à une campagne agricole qui s’annonce meilleure que prévue, pourrait néanmoins être contrebalancée par le recul de la demande étrangère adressée au Maroc. Celle-ci pourrait en effet pâtir des mesures restrictives et des confinements imposés, ces derniers jours, dans plusieurs pays partenaires du Maroc, notamment européens, qui font face à une nouvelle vague de contaminations au covid-19.
Taux directeur: baisse ou statut quo?Il y a un an presque jour pour jour, dès le déclenchement de la crise sanitaire, le conseil de la Banque centrale décidait de baisser une première fois son taux directeur de 25 points de base, pour soutenir l’activité économique. En juin, BAM décidait une nouvelle baisse du taux de référence de 50 points, ramenant le taux directeur à 1,5%, soit son niveau le plus bas jamais atteint. Ce taux est resté inchangé au cours des deux conseils suivants (septembre et décembre), la Banque centrale le jugeant approprié.
BAM procédera-t-elle mardi à une nouvelle baisse du taux directeur pour soutenir la relance de l’activité économique? Les analystes de BMCE Capital Research (BKR) pensent que non. Dans une note de recherche récente, BKR estime que Bank Al-Maghrib devrait, «selon toute vraisemblance, renouveler en l’état son dispositif d’intervention au niveau du marché monétaire», et maintenir son taux directeur à 1,5%. Même son de cloche chez CDG Capital, qui s’attend à un statu quo au niveau de la politique monétaire.
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Une enquête récente menée par Attijari Global Research (AGR) auprès d’un échantillon pertinent de 35 investisseurs considérés parmi les plus influents sur le marché boursier marocain, montre par ailleurs, qu’un consensus clair se dégage en faveur du statu quo.
Principale raison évoquée: les précédentes baisses du taux directeur réalisées en 2020 n’ont pas encore été entièrement répercutés par les banques sur le taux débiteurs, c’est-à-dire sur les taux des prêts bancaires à la clientèle. «Nous pensons qu'il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib maintienne le taux directeur inchangé au niveau de 1,5% lors de ce prochain Conseil, et ce, dans l'attente d'une transmission complète des baisses du taux directeur vers les taux débiteurs et d'une reprise de la demande de crédit aussi bien des entreprises que des ménages», écrit ainsi Ahmed Zhani, économiste chez CDG Capital Insight dans une note dédiée au Conseil de Bank Al-Maghrib de ce mardi.
En outre, en maintenant le taux directeur à son niveau actuel, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, préserverait une précieuse cartouche pour les prochains mois, dans un contexte économique mondial toujours aussi incertain.