“La voie empruntée par le Maroc conduit à une impasse, ou pour faire dans le doux euphémisme, s'essouffle”, écrit L'Economiste, incisif comme jamais, dans son édition du 27 mai. A l'occasion d'une rencontre au Centre de conjoncture marocain, Jean-Pierre Chauffour, économiste principal pour le Maroc et coordinateur des échanges régionaux Moyen-Orient et Afrique du Nord à la Banque Mondiale , a d'ailleurs estimé que la priorité devrait être accordée à des domaines qui touchent aux fondamentaux des politiques publiques. Il s'agit des pistes d'émergence à l'horizon 2040.
Premièrement, malgré une évolution positive de la croissance, celle-ci n'a pas créé assez d'emplois. Le paradoxe du royaume est que le développement s'est appuyé sur la forte accumulation du capital physique sans que les gains de productivité ne suivent. Or, c'est la combinaison des deux facteurs qui permettra de réaliser un attrapage économique important. De plus, durant les prochaines années, l'investissement ne pourra plus croître. Il sera difficile d'atteindre un taux de 35%, voire de 40%. Dans ces conditions, le relais n'est autre que la productivité.
Parmi les pistes proposées pour stimuler ces gains de productivité figure la réallocation du capital et du travail. Autrement dit, une flexibilité du marché du travail et des capitaux. Cela suppose donc des conditions libres de concurrence pour que les entrepreneurs prennent des risques et créent des richesses. L'économie de rente, dominante, est aussi un frein. Parmi les points positifs du pays pour relever la pente : la démographie (où les taux de dépendance des moins de 15 ans et des plus de 65 ans seront au plus bas), mais aussi l'urbanisation.