La saisonnalité a toujours été un casse-tête pour le secteur touristique. Depuis des années, les professionnels appellent à la régionalisation des vacances scolaires, en décalant les dates des vacances scolaires selon les zones géographiques. Une expérience dans ce sens a bien été tentée en 2015-2016, mais n’a pas été reproduite depuis.
«Les opérateurs sont unanimes: la régionalisation des vacances scolaires est impérative pour relancer le secteur. Ce dispositif a déjà été expérimenté, mais il a été inexplicablement abandonné, alors même que sa nécessité ne cesse de s’affirmer», s’étonne Zoubir Bouhoute, expert consultant en tourisme contacté par Le360.
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Selon notre interlocuteur, dynamiser le tourisme domestique nécessite une saison touristique étendue tout au long de l’année et une distribution optimale des offres d’hébergement en évitant les engorgements. «En établissant un calendrier scolaire régionalisé, la période de vacances serait étalée, permettant aux professionnels de générer des nuitées supplémentaires», ajoute-t-il.
Et d’illustrer les avantages d’un tel dispositif, qui serait bénéfique autant pour la profession que pour les vacanciers. «En multipliant par trois une période de 15 jours de vacances, nous obtenons un mois de nuitées supplémentaires. Un tel système allégerait la pression sur l’offre, évitant ainsi une escalade des prix lors des pics saisonniers, et offrant des tarifs plus abordables pour les consommateurs. Cela pourrait également se traduire par des retombées financières considérables pour l’ensemble des acteurs du secteur, de l’hôtellerie à l’animation, en passant par la restauration», explique-t-il.
Le secteur doit se réinventer
Outre cette régionalisation, les acteurs du secteur plaident également pour un soutien accru aux touristes locaux. Zoubir Bouhoute suggère à cet égard la mise en place de mesures telles que les chèques de vacances, afin d’inciter les Marocains à privilégier des séjours au sein de leur propre pays, plutôt que de se tourner vers des destinations étrangères.
Cependant, une telle initiative ne serait complète sans une amélioration substantielle de l’offre. «Le Plan Biladi, lancé en 2007 avec l’ambition de construire huit stations touristiques, n’a abouti qu’à trois stations opérationnelles à Ifrane, Imi Ouaddar et Kénitra. Conçu pour répondre aux besoins spécifiques des touristes nationaux, ce plan doit être revisité et renforcé. L’investissement dans de nouvelles infrastructures touristiques est également crucial pour répondre à la demande croissante», note-t-il.
Alors que cette régionalisation était explicitement évoquée dans le contrat-programme 2020-2022 pour le soutien et la relance du secteur du tourisme (signé entre les ministères des Finances, du Tourisme et du Travail d’une part, et la Confédération nationale du tourisme et le Groupement professionnel des banques du Maroc d’autre part), le calendrier actuel des vacances scolaires est resté inchangé. «Plus qu’une simple doléance, il s’agit d’un impératif pour relancer le tourisme domestique. Il est temps de repenser, de restructurer et de revitaliser le secteur. La régionalisation des vacances scolaires est l’une des clés pour y parvenir», conclut Zoubir Bouhoute.