Le secteur du tourisme vient de se doter d’un nouveau plan d’action. Son objectif: attirer 17,5 millions de touristes, créer 200.000 nouveaux emplois directs et indirects et générer 120 milliards de dirhams de recettes de voyages en devises à l’horizon 2026. Avec une enveloppe de 6,1 milliards de dirhams sur 4 ans, cette nouvelle feuille de route entend transformer le Maroc en une destination touristique de premier plan.
Faire preuve d’audace
Pour atteindre ces objectifs, il faudra, selon Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, faire preuve de plus d’audace. «Le temps est venu de sortir de notre torpeur et de faire preuve de plus d’ambition et d’audace si nous voulions jouer dans la cour des grands. Aujourd’hui, notre vision est claire: nous voulons doubler le nombre d’arrivées touristiques et positionner ainsi le Maroc parmi les plus grandes destinations mondiales», a-t-elle indiqué lors d’une conférence organisée, mardi 21 mars 2023 à Casablanca, à l’initiative de l’hebdomadaire La Vie Éco.
Lire aussi : Tourisme: voici comment Dakhla s’est imposée sur l’échiquier des destinations de choix
«La nouvelle feuille de route a pour ambition de remettre le secteur du tourisme au cœur des priorités nationales, avec une cible intermédiaire de 17,5 millions de touristes en 2026, soit une croissance de 10% par an. Pour ce faire, nous avons agi sur tous les aspects essentiels, à savoir une nouvelle logique de l’offre, six leviers transverses pour soutenir la feuille de route et également des conditions de réussite fondamentales», a expliqué la ministre.
Repenser l’offre touristique
C’est pourquoi l’offre touristique a été repensée autour de l’expérience client. «Nous allons donc passer d’une logique de destination pure à une logique de filière touristique pour offrir une expérience touristique transverse et diversifiée. Nous avons dans ce sens identifié neuf filières thématiques et cinq filières transverses. En parallèle, nous avons identifié six leviers de compétitivité qui sont indispensables pour la réalisation des objectifs», a poursuivi Fatim-Zahra Ammor.
La ministre a ainsi exposé la nouvelle offre touristique, qui inclut les filières du tourisme international («Ocean waves», «Beach & Sun», «Nature», «Trekking & Hiking», «City Break» et «Tourisme d’affaires») ainsi que celles du tourisme intérieur («Bord de mer» et «Nature et découverte»), soulignant que ces filières reflètent les marchés matures au Maroc et mettent en avant le potentiel naturel et les spécificités du pays.
Stimuler l’investissement
Pour améliorer l’offre touristique nationale, cette feuille de route entend doubler la capacité aérienne et multiplier les liaisons point à point, qu’ils soient domestiques ou internationaux. «Nous allons renforcer la promotion et la distribution et développer des partenariats stratégiques avec les plus grands tour opérateurs et voyagistes mondiaux. Nous allons également stimuler l’investissement dans l’animation à travers des produits d’animations culturelles et de loisirs attractifs», a ajouté la ministre.
«Avec la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT, NDLR), nous avons déjà réorienté une partie des investissements sur l’appui aux TPME dans le domaine de l’animation. Nous avons aussi identifié quatorze projets, locomotive d’animation à fort impact, que nous lancerons à travers un partenariat public privé, tels que des parcs d’attractions, un musée d’envergure internationale et un parc naturel aménagé», a-t-elle poursuivi.
Consolider et renforcer le parc hôtelier
Concernant l’offre hôtelière, il est prévu que celle-ci soit consolidée en mettant à niveau le parc hôtelier existant, tout en créant de nouvelles capacités. «Nous travaillons actuellement avec le Fonds Mohammed VI pour reprendre 40.000 lits de plusieurs hôtels en difficulté», a-t-elle relevé.
«Nous allons, par ailleurs, renforcer le capital humain pour améliorer la qualité de service et augmenter le taux de retour des touristes. Nous allons également former des talents de haut niveau en adéquation avec les besoins du marché, mais nous comptons aussi sur le secteur privé pour créer les conditions nécessaires au recrutement, à l’épanouissement, à la formation et à la fidélisation de ces talents qui sont essentiels à l’expérience client. Enfin, nous allons renforcer l’Observatoire du tourisme pour en faire un outil de pilotage efficient et d’aide à la décision», a fait savoir la ministre.
Les conditions de réussite, selon Ammor
Selon Fatim-Zahra Ammor, la réussite de cette feuille de route repose sur trois conditions essentielles. Il s’agit tout d’abord de la refonte de la gouvernance du secteur et de l’ancrage de la stratégie au niveau le plus haut de l’Exécutif, avec une commission nationale interministérielle du tourisme (CNIT) qui sera présidée par le Chef du gouvernement.
Lire aussi : Tourisme. Marrakech garde le cap, merci les vacances scolaires et les locaux!
«La CNIT s’appuiera sur deux commissions nationales, une commission Aérien et une commission Produit, ainsi que sur douze commissions régionales de suivi des plans régionaux qui, elles, seront présidées par les walis des régions. Dix laboratoires d’impulsion public-privé seront également créés pour le développement des filières qui seront appuyées par des experts des filières touristiques. Ces experts-là seront dans le public et dans le privé également», a-t-elle relevé.
Deuxième condition: la mise en place d’une structure d’animation centrale placée au niveau du ministère et des structures d’animation régionales qui auront pour mission la coordination, l’animation et le suivi du déploiement de l’ensemble des chantiers de la feuille de route.
Quant à la dernière condition, il s’agit là de la mobilisation des financements nécessaires. «Chose que nous avons réussi à faire puisque nous avons sécurisé, avec le ministère de l’Économie et des Finances, une enveloppe de plus de 6 milliards de dirhams. Je précise que cette enveloppe vient s’ajouter au budget accordé dans le cadre de la loi de finances ainsi qu’aux investissements privés, aux subventions de la charte d’investissement et à la contribution des autres parties prenantes, c’est-à-dire les régions ou les collectivités locales», a souligné la ministre.
Un secteur clé en quête de reconstruction
Pour rappel, le tourisme est un secteur clé pour l’économie marocaine. Il représente 7% du PIB et joue le rôle de locomotive pour d’autres activités, de sorte que cela augmente sa contribution à 12% du PIB. Le secteur emploie 5% de la population active et génère 90 milliards de dirhams de revenus en devises.
Le secteur reste toutefois, selon la ministre, en deçà de son plein potentiel et est caractérisé par une triple concentration sur les marchés émetteurs. Ce sont les marchés européens qui représentent 70% quand même, les destinations d’accueil Marrakech et Agadir représentent 60% et la saisonnalité des arrivées touristiques qui font du Maroc une destination plutôt d’hiver.