Quelque 18,3 milliards de dollars: c’est le montant record dépensé par Alger en 2023 en armement et équipement militaire, selon le dernier rapport du très suivi Stockholm International Peace Research Institute (Sipri). Il s’agit, selon Jeune Afrique qui reprend les points saillants du document, d’une augmentation de 76% par rapport à 2022. Le «niveau de dépenses le plus élevé jamais enregistré par l’Algérie et de la plus forte augmentation annuelle de ses dépenses depuis 1974», peut-on lire dans le document publié ce lundi 22 avril.
Une flambée que l’institut suédois explique par la forte hausse des recettes provenant des exportations de gaz vers les pays européens, qui se sont détournés des approvisionnements russes, et qui intervient dans un contexte international de course à l’armement. Il y d’autres facteurs. «Cette augmentation vertigineuse des dépenses militaires algériennes est surtout à lier au regain de tension au Maghreb, avec la rupture des relations diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie, et un dossier du Sahara totalement à l’arrêt à l’ONU. Alger, qui refuse toujours le processus des tables rondes et assure ne pas être partie prenante du conflit entre Rabat et le Polisario, fait parallèlement dans la démesure côté armement et roule des mécaniques», commente un analyste cité par le magazine.
À l’échalle mondiale, les dépenses militaires ont enregistré leur plus forte augmentation en une décennie, atteignant plus de 2.400 milliards de dollars en 2023 du fait de nombreux conflits en cours, avec des hausses notables en Europe, au Proche-Orient et en Asie. Au niveau de tout le continent, ces dépenses ont atteint 51,6 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 22 % par rapport à 2022. Le Nigeria, le Soudan du Sud et la RDC comptant parmi les pays les plus dépensiers.
Pour Jeune Afrique, l’approche algérienne contraste avec ce qui se fait pendant ce temps-là du côté marocain, où les dépenses militaires ont diminué de 2,5 % en 2023, pour s’établir à 5,2 milliards de dollars. «Ce qu’il faut retenir, ce n’est pas tant la baisse, qui est relative, que le fait que le Maroc a opté pour une gestion raisonnée de ses dépenses: il effectue des achats ciblés, d’équipements de pointe, pour poursuivre la modernisation de ses avions de chasse, le renouvellement des hélicoptères et l’achat d’équipements de pointe tels que les drones. Mais aussi œuvrer au renforcement de la couverture anti-aérienne pour la défense du territoire», estime un analyste militaire marocain cité par Jeune Afrique.