La «bonne nouvelle» annoncée par le gouvernement le jour même de la grève et selon laquelle le Maroc a glané 16 points dans le classement Doing Business de la Banque mondiale relatif au climat des affaires n’est pas passée sous silence. Les réseaux sociaux et les forums de discussion l’ont qualifiée de «mensonge» et de «manipulation de l’opinion publique», avançant que le Maroc a perdu 3 points pour passer du 68ème rang en 2014 au 71ème 2015. A qui donc se fier?
Pour couper court, le ministre délégué chargé du Budget, Driss El Azami El Idrissi, s’explique. Et pour s'exprimer, il a choisi les colonnes du journal proche de son parti, Attajdid. Dans son numéro de ce mardi 4 novembre, le quotidien publie ainsi une interview d'El Azami El Idrissi où il affirme que le Maroc a bel et bien gagné 16 places entre le 29 octobre 2013 et le 29 octobre 2014, estimant que la polémique suscitée autour de ce classement n’a aucune « signification ». Et pour cause, les corrections faites par la Banque mondiale sont «théoriques» et n’influent en aucun cas sur le résultat final de l’année dernière. Ces corrections ont été prises pour base de calcul de l’évaluation de la compétitivité de l’économie nationale et de l’attractivité du climat des affaires, a-t-il fait savoir.
Selon El Azami, la Banque mondiale a souligné dans son rapport que la correction n’a pas eu d’impact sur le classement du Maroc durant l’année écoulée, notant que le gouvernement estime que le classement établi le 29 octobre 2014 et qui a placé le Maroc au 71ème rang doit être comparé à celui du 29 octobre 2013, dans lequel le Royaume figure à la 87ème place. Et de préciser que le classement de l’année dernière (87ème) est celui pris en compte par les investisseurs pour établir leurs projections et prévisions économiques.
Une performance à l’actif de l’Exécutif
« L’essentiel est que le Maroc a avancé de 16 places eu égard au suivi permanent du gouvernement, en témoignent les réunions successives du Comité national de l’environnement des affaires (CNEA) présidé par le Chef de gouvernement en vue de prendre les mesures pratiques pour promouvoir le climat des affaires au Maroc », s’est-il réjoui. Le ministre délégué a relevé que cette «progression sensible» est attribuable à l’amélioration de 7 parmi les 10 indices pris en considération dans le rapport de la Banque mondiale, dont l’indice du transfert de la propriété, dans lequel le Maroc a glané 42 places, et l’indice d’autorisation de construction dont la progression a permis au Royaume de gagner 29 rangs, outre l’indice de facilité de paiement des impôts (12 places). Et de souligner que le Maroc ambitionne de figurer parmi les pays qui facilitent les affaires, notant que le royaume est le seul pays dans la région à afficher une évolution à ce niveau. Les rapports de 2013, 2014 et 2015 dans lesquels le Maroc est passé du 97ème au 87ème rang avant de se ranger à la 71ème place, reflètent d’ailleurs la bonne performance réalisée par le gouvernement, a-t-il fait observer.
Entre la lecture de ce rapport faite par le gouvernement d'une part et les partis de l’opposition de l’autre, l’opinion publique ne sait plus à quel saint se vouer. Croire en la version de l’Exécutif ouvre certes des perspectives prometteuses pour le climat des affaires au Maroc étant donné que le rapport «Doing Business» constitue une référence majeure pour les investisseurs, les créanciers et les autres institutions internationales. Mais la prudence est toujours de mise.