Une mission des services du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Nicolas Blancher, a séjourné au Maroc du 19 mars à ce mercredi 3 avril 2019, pour procéder, de concert avec les autorités marocaines à des discussions relatives à la consultation de 2019 au titre de l’article IV des statuts du FMI, et à la première revue de l’accord au titre de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) approuvée en décembre 2018.
Voici l'intégralité de la déclaration faite par Nicolas Blancher à l’issue de cette mission du FMI:
«L’économie marocaine continue de profiter de la poursuite de politiques macroéconomiques prudentes et des réformes structurelles. Ces dernières années, l’amélioration de la gestion budgétaire et la diversification de l’économie ont rendu cette dernière plus résiliente. Cependant, le chômage, en particulier parmi les jeunes, demeure élevé et il est essentiel de continuer à promouvoir une croissance plus élevée, durable et plus inclusive. Des réformes structurelles importantes ont été engagées, et il est nécessaire d’en accélérer la mise en œuvre pour accroître les gains de productivité, créer davantage d’emplois, et rehausser le potentiel de croissance, en ligne avec les objectifs de moyen terme du gouvernement. Il est notamment essentiel d’améliorer la qualité de l’éducation, le fonctionnement du marché du travail et le taux d’activité des femmes, ainsi que l’environnement des affaires.»
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« La croissance économique a atteint 3 % en 2018, tandis que l’inflation augmentait a 1,9 % et que la croissance du crédit se maintenait a 3,3 %. Après une légère baisse en 2017, le déficit des transactions extérieures courantes a augmenté en 2018 pour atteindre 5,4 % du PIB, en raison notamment de l’impact de la hausse des prix du pétrole et la baisse des dons, et en dépit de la croissance vigoureuse des exportations. Les réserves de change sont restées à un niveau confortable, équivalent a environ cinq mois d’importations. La croissance devrait se stabiliser en 2019, supportée par une reprise de l’activité non-agricole, puis atteindre 4,5 % à moyen terme grâce à la poursuite des réformes structurelles. Cependant, la croissance reste sujette à des risques liés à la conjoncture dans les pays avancés et émergents, aux prix mondiaux des produits énergétiques, et à la volatilité sur les marchés financiers mondiaux.»
«Sur le plan budgétaire, l’évolution à fin décembre a été conforme à l’objectif révisé des autorités d’un déficit budgétaire de 3,7 % du PIB en 2018. Pour 2019, la mission note que les autorités ont pour objectif de maintenir le déficit budgétaire à ce niveau, hors recettes de privatisation. À moyen terme, la réforme fiscale, qui sera discutée dans le cadre des Assises nationales du mois de mai, devrait continuer de rendre l’impôt plus efficient, plus équitable, et plus favorable à la croissance, tout en contribuant à l’objectif des autorités de ramener le niveau de la dette publique à 60 % du PIB. Ces efforts permettraient de dégager des marges supplémentaires et de soutenir les investissements productifs dans les infrastructures et la protection sociale. La mission souscrit au plan de privatisation et aux efforts qui sont déployés pour réorienter les activités des entreprises publiques sur leurs métiers de base. Elle salue les avancées sur le plan de la décentralisation budgétaire tout en soulignant l’importance de garantir la bonne gouvernance, la transparence et la discipline budgétaire au niveau local.»
«La mission soutient pleinement l’intention des autorités d’assouplir progressivement le régime de change, ce qui devrait rendre l’économie mieux à même d’absorber des chocs extérieurs et préserver sa compétitivité. La situation actuelle continue d’offrir une fenêtre d’opportunité pour avancer dans cette transition de manière progressive et ordonnée.»
«Le secteur financier est bien capitalisé, et les risques pesant sur la stabilité financière demeurent limités. Les créances en souffrance restent relativement élevées, mais elles sont en baisse et bien provisionnées. La mission encourage les autorités à continuer à réduire la concentration du crédit et à limiter les risques liés à l’expansion des banques marocaines en Afrique grâce à une collaboration renforcée avec les autorités de supervision des pays hôtes. Elle soutient en outre les efforts des autorités visant à réduire les risques de blanchiment d’argent. Plus généralement, la mission salue les progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations faites en 2015 par le Programme d’évaluation du secteur financier, et souligne l’importance de l’adoption dès que possible de la nouvelle loi sur les statuts de Bank Al-Maghrib (BAM), qui renforcera l’indépendance de la banque centrale et son rôle en matière de la stabilité financière.»
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«La mission se félicite des réflexions en cours pour définir un nouveau modèle de croissance pour le Maroc. Le climat des affaires continue de s’améliorer, notamment grâce à l’activation du Conseil de la Concurrence et à la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie d'inclusion financière, qui contribueront à promouvoir la concurrence et à soutenir le développement des PME. La mission encourage les reformes visant à renforcer la gouvernance et l’efficacité du secteur public et à lutter contre la corruption, en particulier avec l’adoption de la loi sur l’accès à l’information et la publication du premier rapport sur la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption. Enfin, un meilleur ciblage des programmes sociaux sera essentiel pour en améliorer l’impact et réduire les inégalités sociales. A cet effet, la mission encourage les efforts entrepris par le gouvernement en vue de l’établissement d’un registre social unique».
«La mission tient à remercier les autorités marocaines, ainsi que les représentants des secteurs public et privé et de la société civile qu’elle a eu l’occasion de rencontrer, pour leur coopération et pour des discussions productives.»