En dépit de deux récoltes céréalières exceptionnelles, le Maroc bat un record en matière de volume importé. Dans son édition du jour, L’Economiste constate que la filière des céréales est la plus difficile à réformer. Le journal relève un retard par rapport aux objectifs du contrat programme 2009-2020, qui lie l’interprofession à l’Etat et vise à réduire de 20% les superficies et les importations et à sécuriser une production céréalière de 70 millions de quintaux. D’autant que l’investissement consenti atteint 29 milliards de dirhams, dont 8 milliards à la charge de la communauté.De plus, remarque le quotidien économique, «le volume sécurisé (70 millions de quintaux) résulterait plus de l’extension des superficies que de l’amélioration des rendements».
En revanche, «les quantités de céréales importées affichent un trend haussier sur la dernière décennie qui correspond au déploiement de la stratégie agricole». Le volume importé est redescendu à 65,9 millions de quintaux durant la campagne précédente, après le pic de 75,6 millions atteint pendant la saison 2016-217. Entre 2008 et 2018, la moyenne des importations avoisine les 61 millions de quintaux par an, soit un coût annuel des achats de 8 milliards de dirhams. L’Economiste croit savoir que les importations se poursuivront, en particulier pour le blé tendre, étant donné que le rétablissement des droits de douane n’interviendra qu’à la fin avril.
Le journal s’interroge sur les raisons de cette situation dans «une filière qui continue de déterminer l’évolution du PIB», même si elle ne représente que 20% du PIB agricole. Et pourtant, l’objectif était de développer «une céréaliculture productiviste de marché avec à la clé de grands acteurs et l’agrégation de petits agriculteurs». Il était aussi question de reconvertir les céréales en cultures à forte valeur ajoutée de 500.000 ha.
Si des progrès ont été réalisés, le journal indique que les superficies dédiées aux céréales n’ont pas été réduites et que les rendements n’ont pas été stimulés. D’ailleurs, «les projets d’agrégation ont cruellement fait défaut alors qu’on tablait sur un minimum de 150 projets, dont 30 pour l’agriculture solidaire et le reste pour la céréaliculture productiviste». La raison avancée par le quotidien est le manque de financement, puisque «la subvention forfaitaire de l’agrégation prévue dans le contrat programme ne semble pas avoir accroché». Ceci dit, d’autres incitations à l’encouragement de l’investissement ont aussi été décrétées, dont une aide se situant entre 40 et 70% du coût global pour le matériel agricole destiné aux projets d’agrégation.