Que pensent réellement les opérateurs du BTP des milliards d’investissements annoncés par le ministère de l’Equipement, du Transport et de la Logistique ? Hier mardi 16 février, le département de Aziz Rabbah a organisé, pour la deuxième année consécutive, une journée de présentation des différents marchés qui seront lancés courant l’année.
En tout, les opérateurs, marocains et étrangers en auront pour quelques 32 milliards de DH, répartis sur différents secteurs (routes, autoroutes, ferroviaire, portuaire…).
Sur le principe, la fédération du BTP salue l’initiative. « C’est bien que l’on prenne l’habitude de présenter les projets à venir, et surtout faire le bilan de ce qui s’est passé l’année d’avant », explique d’emblée Mostapha Meftah, directeur délégué auprès de la FNBTP.
Sur le fond, les 32 milliards de DH d’investissements annoncés ont de quoi laisser les opérateurs du BTP enthousiastes, surtout pour un exercice 2016 où la conjoncture économique globale s’annonce difficile. Mais encore faut-il que les projets annoncés soient réellement exécutés.
Selon le bilan de l’exercice précédent présenté par le ministère, il ressort que 78% seulement de l’investissement programmé en 2015 ont été réellement exécutés. « C’est un niveau acceptable, mais il faut aussi garder en tête que les 22% non réalisés sont des commandes en moins pour les opérateurs », indique-t-on auprès de la fédération.
Il faudrait donc analyser les raisons pour lesquels ces marchés n’ont pas été lancés et qu’un écart ressort toujours entre ce qui est promis et ce qui est réalisé. De même, il faudrait aussi comprendre pourquoi sur les 78% effectivement réalisés, beaucoup reviennent encore à des opérateurs étrangers.
Rappelons que depuis sa prise de fonction à la tête du ministère de l’équipement, Aziz Rabbah a toujours clamé la préférence nationale dans les marchés publics. Auprès des opérateurs nationaux, on reconnaît que des améliorations ont bien été constatées.
Néanmoins, ces derniers ont toujours autant de difficultés à concurrencer les étrangers sur de grands marchés, au point où une autre source auprès de la FNBTP n’hésite pas à parler de « dumping ». La raison de cette accusation émane surtout de la constatation que sur le marché national, il existe bien des opérateurs disposant de l’expertise nécessaire pour réaliser les grands marchés. La preuve, c’est que beaucoup d’entre eux arrivent aujourd’hui à s’exporter à l’international. Mais au Maroc, ils ont toujours du mal à faire valoir leur savoir faire et ce, pour des raisons pour le moins ambiguës.
Rappelons que la FNBTP avait déjà saisi le ministère de tutelle sur cette question en 2014. Plusieurs réunions s’en ont suivi entre les deux parties pour trouver des solutions mais cela n’a, semble-t-il, pas suffit pour rassurer les opérateurs nationaux.
Par ailleurs, comme pistes d’améliorations pour l’avenir, la FNBTP propose de présenter encore plus de détails sur les marchés publics, surtout que l’administration a aujourd’hui tous les moyens pour en assurer le suivi. «Cela permettra d’avoir, par exemple, une vision régionalisée des projets où savoir pourquoi un marché donné n’a pas été exécuté ou son règlement n’est pas intervenu à temps», conclut Mostapha Meftah.