Boycotté le 17 décembre dernier, par les opérateurs du transport des voyageurs qui devaient signer avec lui un contrat-programme, Mohamed Najib Boulif a accordé un entretien au quotidien L’Economiste (dans sa livraison du lundi 29 décembre) pour s’expliquer. «Le dialogue qui a été entrepris entre le ministère du Transport et les professionnels a été mené sur à peu près trois ans», souligne le ministre délégué du Transports qui laisse entendre qu’il a suffisamment discuté avec les organisations professionnelles. «Toute bonne négociation entre deux parties signifie que chacune d’elles impose certains points et cède sur d’autres. En aucun cas, un négociateur n’obtient 100% de ce qu’il demande», affirme Boulif dans cette interview. Le ministre semble plus déterminé que jamais de mener à bien sa réforme quand il lance: «Le train de la réforme est en marche, nous avons assez perdu de temps. Il n’est plus possible de prendre plus de retard».
L’Economiste consacre par ailleurs deux pages pour détailler les apports de cette réforme qui se matérialise par un contrat-programme qui entre en vigueur dès 2015 «quoi qu’il en coûte». Celui-ci prévoit la professionnalisation de l’accès au transport de voyageurs via la création d’un registre national des entreprises opérant dans le secteur. Autrement dit, il ne sera plus possible de mettre les agréments en location si ce n’est via des sociétés structurées. Il est également prévu une enveloppe de 300 millions de dirhams pour la mise à niveau des entreprises (à raison de 200.000 dirhams par société), mais aussi une enveloppe de 510 millions de dirhams pour les primes à la caisse et le renouvellement du parc. Le lancement de nouvelles lignes, l’amélioration du dispositif de sécurité, la formation des chauffeurs, les cahiers de charges des gares routières sont également d’autres nouveautés détaillées dans le dossier de l’Economiste.
Depuis le grand déballage de la liste des agréments, au printemps 2012, la réforme du secteur du transport des voyageurs est un des chevaux de bataille du PJD. Terminer un premier mandat au gouvernement sans mettre ce chantier complexe sur la bonne voie, couterait cher à la crédibilité du parti islamiste. Le passage en force de la réforme Boulif est donc compréhensible.