Blockchain: le Royaume entre dans la danse

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Revue de presseEntre innovations sectorielles, projets pilotes publics et ambitions de monnaie digitale nationale, le Royaume s’engage, résolument, dans l’intégration de cette révolution technologique, tout en devant relever des défis majeurs liés aux compétences, à la réglementation et à l’impact énergétique. Cet article est une revue de presse tirée de Finances News Hebdo.

Le 21/07/2025 à 18h13

Au-delà des monnaies digitales, la technologie blockchain s’impose comme un levier majeur de transformation économique et institutionnelle à travers le monde. Dans le Royaume, résolument engagé dans une stratégie numérique ambitieuse à l’horizon 2030, cette innovation commence à s’intégrer dans plusieurs secteurs clés, suscitant un enthousiasme croissant, écrit le magazine Finances News Hebdo.

Souvent décrite comme un registre décentralisé, immuable et transparent, la blockchain permet d’enregistrer des transactions ou des données de façon sécurisée sans passer par des intermédiaires. Cette caractéristique réduit considérablement les risques de fraude et accélère les échanges.

Selon les projections de Statista, le marché mondial de la blockchain pourrait atteindre 67,4 milliards de dollars d’ici 2026, avec un taux de croissance annuel supérieur à 80%. Les domaines d’application les plus développés concernent la finance, notamment à travers les smart contracts et la finance décentralisée (DeFi).

Deloitte estime que les institutions financières pourraient économiser jusqu’à 11,2 milliards de dollars par an en coûts liés aux transactions et à la gestion des risques grâce à cette technologie. Si le Royaume en est encore aux prémices de l’adoption de la blockchain, la dynamique est enclenchée, écrit le magazine.

La stratégie nationale «Maroc Digital 2030» fait de la transformation numérique un pilier central, favorisant la transparence et l’efficacité de la gouvernance. Interrogée par Finances News Hebdo, Sofiane Gadrim souligne que «le Maroc a saisi l’opportunité de cette technologie. Des acteurs majeurs comme le Groupe Banque Centrale Populaire (BCP) s’en servent déjà. En apprenant des expériences internationales, le pays peut se positionner en leader régional»

Plusieurs acteurs marocains explorent les potentialités de la blockchain.

L’Office chérifien des phosphates utilise cette technologie pour améliorer la traçabilité des engrais et sécuriser les échanges commerciaux.

Dans le secteur public, l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC) expérimente la digitalisation des titres fonciers via blockchain, dans le but de fluidifier les transactions immobilières et renforcer la confiance des investisseurs.

L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a recours à la blockchain pour authentifier les diplômes et combattre la fraude documentaire.

De même, certaines coopératives agricoles assurent la traçabilité et la qualité de leurs produits exportés.

Dans le domaine de la santé, plusieurs cliniques testent la gestion décentralisée des dossiers médicaux.

Par ailleurs, la tokenisation immobilière, c’est-à-dire la vente fractionnée d’immeubles via des jetons numériques (tokens), gagne du terrain grâce à des fintechs innovantes.

L’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) conduit une initiative visant à créer une identité digitale souveraine et fiable.

D’autres secteurs comme l’assurance, où la blockchain simplifie les contrats et paiements, ou l’énergie, avec des projets pilotes sur la gestion décentralisée des réseaux électriques et la traçabilité des énergies renouvelables, explorent également cette technologie.

Le secteur bancaire du Royaume s’intéresse de près à la blockchain.

Depuis 2024, Bank Al-Maghrib collabore avec des partenaires internationaux pour étudier la faisabilité d’une monnaie digitale nationale, appelée CBDC (Central Bank Digital Currency), écrit-on.

Un rapport officiel indique que des études d’impact et des expérimentations internes sont en cours.

Certaines banques commerciales testent aussi l’usage des smart contracts pour automatiser les financements participatifs et améliorer la traçabilité des transactions transfrontalières, précise Finances News Hebdo.

Le projet phare reste le développement du e-dirham, une monnaie digitale nationale qui vise à moderniser le système de paiement, faciliter les transactions électroniques et renforcer l’inclusion financière, en phase avec les tendances mondiales.

Malgré ces avancées, plusieurs obstacles freinent la généralisation de la blockchain dans le Royaume. Le principal est le manque de compétences spécialisées. Le Royaume doit investir dans la formation pour développer des talents capables de maîtriser cette technologie complexe. Le cadre réglementaire reste aussi insuffisant. La rapidité d’évolution de la blockchain pose des questions juridiques, notamment en matière de protection des données, confidentialité et responsabilités.

Sur le plan technique, la consommation énergétique des blockchains traditionnelles, en particulier celles basées sur la preuve de travail (Proof-of-Work), représente un enjeu écologique.

Engagé dans une démarche de développement durable, le Royaume devra privilégier des alternatives plus économes, comme la preuve d’enjeu (Proof-of-Stake).

Selon Sofiane Gadrim, il est crucial d’adopter un modèle de développement «durable, souverain et sécurisé», en privilégiant des technologies à faible empreinte carbone et en évitant les modèles énergivores popularisés par certains réseaux, comme le Bitcoin.

Par La Rédaction
Le 21/07/2025 à 18h13