Auto-entrepreneurs: pourquoi la formule ne fait plus recette

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Revue de presseLes exigences administratives et les procédures fiscales découragent de nombreux entrepreneurs individuels. Et ils sont de plus en plus nombreux à rejeter une formule sur laquelle bien des espoirs étaient fondés. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 10/08/2023 à 22h36

Le nombre d’adhésions au statut d’auto-entrepreneur baisse à vue d’œil. C’est ce que révèle l’analyse des chiffres du dernier rapport d’activité de la DGI, établie par le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du vendredi 11 août. En 2019, le nombre d’adhésions au statut d’auto-entrepreneur était de 44.941. En 2020, 156.530 nouvelles adhésions ont été enregistrées. Mais en 2021, ils étaient seulement 76.023 nouveaux détenteurs du statut. L’année 2022 présente un contraste encore plus marqué avec seulement 42.638 nouvelles adhésions.

Cité par Les Inspirations Éco, Zakaria Fahim, président de l’Union des auto-entrepreneurs Bidaya (UAE Bidaya), souligne plusieurs facteurs économiques et réglementaires. «Pour lui, le facteur crucial est la réglementation en vigueur. Ajouter à cela la mise en place, en 2023, d’une retenue à la source de 30% pour les auto-entrepreneurs dont le chiffre d’affaires dépasse 80.000 dirhams, pour le compte d’un même client, est perçue comme une mesure fiscale punitive. Ce qui annonce une baisse encore plus importante des adhésions à l’heure du bilan de 2023», lit-on.

La baisse montre clairement que la dynamique a été freinée. «On a même l’impression que les auto-entrepreneurs paient pour tous les autres qui, eux, ont manifesté et ont réussi à limiter les dégâts», réagit le dirigeant.

Pour Abdelbasset Mohandis, expert-comptable, «les raisons économiques pourraient avoir influencé la diminution des adhésions en 2022. La reprise économique plus solide peut en effet inciter certains travailleurs à rechercher des emplois plus stables et à long terme». Il souligne également qu’il «existe des différences sectorielles dans les adhésions au statut d’auto-entrepreneur en 2022». «Certains secteurs, comme le commerce, l’artisanat et les services, ont été plus touchés que d’autres par cette tendance baissière. Cela peut s’expliquer par le fait que ces secteurs sont plus exposés aux fluctuations économiques et qu’ils offrent généralement des revenus plus faibles».

L’expert-comptable n’exclut pas non plus l’impact des réglementations et des politiques gouvernementales, qui selon lui jouent un rôle crucial dans les tendances d’adhésion au statut d’auto-entrepreneur. «Des changements dans les exigences administratives, les procédures fiscales ou les incitations fiscales pourraient certainement influencer les choix des individus. Si ces réglementations deviennent plus contraignantes ou moins favorables, cela pourrait décourager certaines personnes d’opter pour le statut d’auto-entrepreneur». De quoi faire dire à Basma Hafid, consultante juridique et enseignante de droit, qu’avec la réglementation actuelle, elle ne voit «plus aucun intérêt à adhérer au statut d’auto-entrepreneur».

Par Nabil Ouzzane
Le 10/08/2023 à 22h36