Au moment où le taux de chômage augmente, le marché enregistre une régression du statut d’auto-entrepreneur au Maroc. Introduite au Maroc en 2015, dans le but de stimuler l’entreprenariat et de réduire le chômage en offrant aux individus la possibilité de créer leur propre entreprise avec des formalités simplifiées et des charges fiscales allégées, la formule est un échec, constat le magazine Challenge. Rien qu’entre 2021 et 2022, le nombre de nouveaux adhérents a enregistré une baisse de l’ordre de 34%.
«Cette baisse entraîne une diminution de l’innovation, moins de création d’emplois et un essoufflement dans le tissu économique national. De plus, cela engendre une perte de confiance et un sentiment d’incertitude chez les entrepreneurs potentiels», lit-on.
Pour Youssef Guerraoui Filali, Président du Centre Marocain pour la Gouvernance et le Management et analyste économique, ceci est dû premièrement à la mesure décourageante instaurée dernièrement concernant le plafond de 80 000 dirhams de chiffres d’affaires avec le même client, et la taxation du surplus à hauteur de 30%. «Une décision démotivante et qui n’encourage pas les gens à accéder au statut d’auto-entrepreneur», explique-t-il, cité par Challenge.
Le climat des affaires est un autre facteur expliquant cette régression, puisqu’il est basé sur une économie de rente féroce et qui ne favorise que les marchés et les commandes qui sont adressés aux très grandes, grandes et moyennes entreprises. Par conséquent, aucune chance pour le tissu entrepreneurial marocain, en l’occurrence les petites et très petites entreprises. Les conditions mises en place ne sont pas très encourageantes pour les porteurs de projet et les jeunes entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat, lit-on.
«Le statut d’entrepreneur a bien démarré. Il fallait à mon avis augmenter le chiffre d’affaires et élargir le champ d’application pour encourager la population active et inoccupée à s’intégrer dans ce statut et par conséquent, favoriser de l’auto-emploi et de l’auto-entreprenariat en quelque sorte et développer ainsi des auto-entrepreneurs jeunes qui, demain, devront créer leur petite entreprise sous forme de société juridique SARL qui deviendront par la suite des S.A et faire grandir les petites à moyennes entreprises. Malheureusement, les mesures prises au niveau de la Loi de finances 2024 défavorise le statut de l’auto-entrepreneur au Maroc», explique Youssef Guerraoui Filali à Challenge.