Après les délais de paiement, le cabinet Inforisk se penche sur les défaillances des entreprises. Principal enseignement de l’étude menée par le spécialiste marocain de l’information légale et financière des sociétés marocaines: après une période de répit en 2020, due aux aides massives de l’Etat aux entreprises, les faillites ont repris de plus belle en 2021.
Ainsi, au cours du premier semestre de 2021, 5.077 entreprises ont mis la clé sous la porte, ce qui représente une hausse de +94% par rapport au premier semestre de 2020, et +23% par rapport aux six premiers mois de 2019. A noter que 99% de ces entreprises défaillantes sont des TPE.
«Alors que les chiffres 2020 affichaient une baisse globale sur l'année, on voyait en fin d'année dernière une reprise à la hausse des entreprises défaillantes. Si on se place dans une perspective historique, les chiffres du premier semestre 2021 ne sont clairement pas bons, avec un nouveau record de défaillances», commente Amine Diouri, directeur des études et de la communication chez Inforisk.
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La recrudescence des défaillances observée cette année n’est en soi pas une surprise. En effet, en 2020, les autorités marocaines avaient mis en place des moyens très importants, notamment des prêts garantis par l’Etat, pour permettre aux entreprises de résister au choc induit par la pandémie de coronavirus. Ces aides ont permis de limiter la casse, et ont maintenu en vie des dizaines de milliers d’entreprises.
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Néanmoins, la fin des mesures d’aides de l’Etat en décembre 2020, couplée à l’allongement des délais de paiement, laissait présager des moments difficiles pour les entreprises en 2021, particulièrement les TPME, qui souffrent de problèmes récurrents de trésorerie.
«Les raisons de cette reprise des défaillances sont multiples. Il y a d’abord l’arrêt des aides de l'Etat (indemnités CNSS, Damane Oxygène/Relance, report de crédits et de paiement des impôts) qui maintenaient sous perfusion un certain nombre d'entreprises, qu'on qualifiera de très fragiles, et qui, sans ces aides, n'auraient probablement pas passées l'année 2020», explique Diouri.
Par ailleurs, ajoute cet expert, la crise sanitaire en 2020 «a fortement fragilisé une très grande partie des entreprises: baisse importante de chiffres d'affaires, délais de paiement allongés et difficultés de recouvrement accrues... Une étude du HCP en début d'année disait que 40% des entreprises n'avaient aucune marge de trésorerie. Dans ce contexte, il était prévisible que le nombre d'entreprises en difficultés reparte à la hausse».
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La situation pourrait se dégrader davantage lors du deuxième semestre de 2021. «Les perspectives ne sont pas idéales», estime Diouri. Selon l’étude d’Inforisk, les défaillances pourraient concerner près de 11.000 entreprises au Maroc d’ici la fin de l’année.
Il faut dire que le contexte économique est toujours aussi incertain. «L’activité économique reste corrélée à la situation sanitaire qui n'évolue pas favorablement pour le moment. En outre, la question des délais de paiement restera prépondérante pour la trésorerie des entreprises. Dans un contexte difficile et de tensions de cash, ces dernières auront tendance à retarder le plus longtemps possible leurs paiements», souligne notre interlocuteur.
Le secteur du commerce est le plus affecté, avec 33% des faillites du semestre. Il est suivi par les secteurs de l’immobilier, du BTP et du transport, avec des parts respectives de 22%, 15% et 8%.