Côté pile, et dès son annonce, le nouveau programme d’aide au logement a suscité un grand engouement de la part des acquéreurs. Côté face, les promoteurs affichent de nombreuses réserves par rapport au programme, souligne le magazine Finances News hebdo. «La Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) n’a pas jugé opportun de communiquer sur le sujet», lit-on.
Quelques déclarations de responsables de la Fédération laissent cependant entendre qu’ils rejettent l’offre, estimant qu’elle n’est pas intéressante et qu’elle nécessite certains ajustements pour qu’elle soit plus attrayante. De leur côté, les petits promoteurs fondaient beaucoup d’espoir sur ce nouveau programme. Car ils étaient quasiment exclus des programmes des logements sociaux à 250.000 dirhams du fait qu’ils étaient incapables d’investir ce créneau par manque d’assise financière solide.
«Actuellement, dans le marché, il n’y a pas assez d’offres lancées dans le cadre du nouveau programme. Pour 2023, la plupart des promoteurs ont déjà reçu des réservations. Pour 2024, les projets sont en cours de construction. L’opération n’a pas encore pris son essor car les professionnels du secteur ne veulent pas l’investir à cause d’un grand stock qu’ils n’arrivent pas à écouler», explique à l’hebdomadaire Mohamed Dahbi, vice-président de l’Union nationale des petits promoteurs immobiliers (UNPPI).
Résultat, ceux qui ont signé des conventions avec l’Etat en 2020 ou 2021 n’ont pas encore achevé leurs programmes, et du coup, ils ne peuvent pas lancer de nouveaux projets. «Les acquéreurs, pour leur part, préfèrent le produit à 300.000 dirhams à celui de 250.000 dirhams, jugé moins avantageux. Le marché est perturbé aussi bien pour les acheteurs que pour les promoteurs», lit-on encore.
À l’origine du déséquilibre, le fait qu’auparavant, l’aide au logement était donnée au promoteur. Elle lui servait d’avance pour lancer le chantier, lors de la réservation des acheteurs. Avec la nouvelle formule, l’aide directe est versée aux acquéreurs. Elle est débloquée une fois le logement livré. Le promoteur est donc contraint de travailler avec ses propres fonds ou via un financement bancaire pour la totalité du projet. Or, les petits promoteurs n’ont pas l’assise financière pour lancer de nouveaux projets. Et l’exigence d’un permis d’habiter daté de 2023 complique davantage la situation.
«Tant qu’il n’y aura pas un déstockage des logements déjà construits, le nouveau programme d’aide ne pourra pas atteindre sa vitesse de croisière», conclut le vice-président de l’UNPPI.