Le camion est arrivé! C’est l’euphorie dans le hangar adjacent au bâtiment art déco désigné comme le comptoir des mines, construit au cœur du quartier Guéliz, en 1935. Tout le monde s’active pour décharger le véhicule. Des hommes en blouse et gants blancs se saisissent de tableaux grands formats, les alignent, les adossent aux murs immaculés du hangar.
Khalid Nemmaoui épie circonspect l’opération. Il a dû la vivre de nombreuses fois, mais à chaque fois, c’est la même émotion. Le travail de cet artiste-photographe a fait le tour du monde. Depuis 1998, il enchaîne les expositions et récolte des prix dans la foulée. En 2009, sa série «La Maison de l’Arbre» participe à la biennale Photoquai du musée du Quai Branly et au Caroussel du Louvre pour le «Paris Photo». En 2011, il reçoit le prix de la Francophonie aux rencontres internationales de la photographie à Bamako.
Il fait également des résidences d’artistes à la Cité des Arts de Paris en 2010 et le Head Land Center for the Arts à San Fransisco en 2014.
Et c’est l’ensemble de ce parcours qui transparait actuellement dans son travail. D’ailleurs, il se confie sur son aventure américaine. «C'étaient des retrouvailles. Quant on est aux Etats-Unis, et que l’on voit les égoûts fumer. On a une profonde impression de déjà-vu. C’est la force de ce pays, les images sont transmises avant même de les voir en vrai».
Simple coïncidence ou pas. C’est une bâtisse, datant du protectorat français, qui abritera du 17 avril au 9 mai prochains l’exposition des travaux réalisés ses 20 dernières années. Un lieu mythique pour une série qui se veut intemporelle. Le comptoir des mines a défié les époques. D’un établissement purement commercial, il est devenu un lieu dédié à la création.
«L’art est une mine à exploiter, un minerai de sensibilité, la preuve que le pays est vivant», lance un brin poète Hicham Daoudi, fondateur de la CMOOA et gérant de l’un des deux immeubles du comptoir des mines.
Le maître du lieu explique que «cet espace permet la création d'événements de grands formats par rapport aux endroits qui existent, qui sont fermés et rigides».
Il souligne par ailleurs que «dans l’immeuble, lorsque les appartements s’ouvrent, les différentes pièces peuvent accueillir des œuvres pour des expositions et le hangar restera disponible pour des travaux de plus grande dimension».
Pour lui, l’ensemble du comptoir des mines représente «une plateforme d’expression à Marrakech pour un ensemble d’activités». Il n'hésite pas d'ailleurs à parler d'une saison artistique à Marrakech. La ville ocre semble bien partie pour compter parmi les hauts lieux de la création plastique au Maroc.