L’art de Mounir Fatmi questionne le monde ou, plus que cela, le langage, social ou religieux, qui quadrille le monde, le limite. Et ce langage, l’artiste l’approche pour le déconstruire, le subvertir, le mettre à mal, le déporter : jusqu’en en faire l’exact opposé de ce qu’il est, à savoir un espace infini de liberté où se déploie une lecture du monde dans la déconstruction des discours qui le fondent, des dogmes, des croyances, des idéologiques et des contraintes que ces représentations portent au corps, à l’individu et à son rapport, entravé, à l’espace, au temps, et à la langue elle-même.
Cette liberté, inhérente à l’art, que Mounir Fatmi prend pour penser et représenter les censures dont le monde peut frapper l’individu, d’autres l’ont par contre prise pour, à plusieurs reprises, censurer ses œuvres. Car la mise à nu des mécanismes de violence symbolique n’est évidemment pas pour plaire à ceux qui les nourrissent. Nous aurons, bien sûr, abordé cette question de la censure avec l’artiste lors d’un dialogue autour des deux expositions qu’il présente à Casablanca, à savoir "Le voyage de Levi-Strauss", à l’Institut français, et "La ligne droite", à la galerie Fatma Jellal (lieu de l'interview).