Driss Khrouz n’est plus le directeur de la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc (BNRM) depuis novembre 2016. Après 13 ans de loyaux services au sein de la BNRM, cet économiste de formation est à la retraite...mais pas au chômage. Il occupe depuis juillet 2017 le poste de directeur général de la fondation Esprit de Fès et du Festival des musiques sacrées de cette ville ancestrale.
Driss Khrouz travaille désormais d’arrache-pied pour marquer de son empreinte un festival profondément ancré dans la ville. La programmation de la prochaine édition ainsi que les activités de son forum de réflexion sont déjà bouclées à plus de 95%.
La 24e édition, prévue du 22 au 30 juin 2018, aura pour thème «les savoirs ancestraux». Pour la première fois dans l’histoire du Festival des musiques sacrées de Fès, le forum qui siège d’ordinaire à Dar Batha se déroulera dans la medersa Bouanania. «Cette medersa, rénovée en juin dernier grâce au roi Mohammed VI, va abriter les travaux du forum et ce sera l’occasion pour les amateurs de patrimoine de découvrir ce joyau architectural et la belle réussite de sa restauration», confie Driss Khrouz à le360. En l’entendant parler de la programmation de cette édition 2018, on pourrait penser que l’homme s’occupe de ce festival depuis sa création, il y a 23 ans.
Sa carrière d’universitaire et son travail à la bibliothèque visant toujours à défendre la culture en tant que politique expliquent sans doute cette impression. Le directeur du Festival des musiques sacrées n’est pas un profane. «La culture c’est de la politique. Il faut toujours prendre conscience de cet état de fait pour que tout ce qui a trait à la culture dans notre pays soit défendu et valorisé», précise Driss Khrouz.
Sa stratégie pour le Festival des musiques sacrées? «Ce sera celle qui s’inscrit dans l’ADN du festival à savoir une coloration marocaine très marquée, de la musique et des rencontres spirituelles et surtout revenir à des expressions fortes comme celle choisie cette année pour le forum autour des savoirs ancestraux», répond Driss Khrouz. Parmi les temps forts du festival, l’ancien directeur de la BNRM cite «les voyages d’Ibn Battouta» avec le célèbre Goran Bregovic.
De la musique tzigane, mais aussi le qawali du Pakistan, le gospel, le jazz, sans oublier des créations musicales spécifiques. Si aujourd’hui Driss Khrouz dirige l’exécutif du Festival des musiques sacrées de Fès, il faut savoir que rien ne le prédestinait à cette nouvelle carrière, dans laquelle il brille désormais.
Driss Khrouz est né en 1950 dans le petit village amazigh de Gourrama situé à 60 km de Talsint. Son père, propriétaire terrien, le destinait à une carrière militaire. Après un certificat d’études primaires qu’il obtient en 1962, il réussit l’épreuve du concours qui ouvre les portes du lycée militaire de Kénitra. A 18 ans, il obtient un baccalauréat sciences expérimentales avec mention «très bien».
Il fait ainsi partie de la première promotion du lycée militaire et, malgré les encouragements l’incitant à devenir un officier dans l’armée, il se détourne de la carrière militaire.
D’abord tenté par une grande école de commerce, il s’inscrit à la Faculté des sciences de Rabat où il obtient sa licence. Avec une formation d’économiste, il enseigne pendant de longues années à la faculté des sciences juridiques et économiques de Rabat.
Tout naturellement, son profil d’universitaire fait de lui un candidat idéal pour le poste de directeur de la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc qu’il intègre en 2003. «J’étais loin d’imaginer que je mènerai une carrière proche de la culture, mais je suis satisfait de tout ce que j’ai pu réaliser et je suis convaincu qu’en travaillant et en se montrant responsable, on réussit», confie Driss Khrouz.
Bien qu’économiste de formation, Khrouz a toujours été proche du monde culturel, surtout lorsqu’il était en poste à la BNRM. Ce père de trois enfants a cumulé diverses responsabilités dans le monde de la culture. Secrétaire général du réseau francophone numérique, élu à l’assemblée générale annuelle tenue le 10 avril 2014 à Berne en Suisse, il a été également membre du Conseil scientifique chargé de la préparation de l’exposition «Des Idrissides aux Mérinides: le Maroc fondateur d’empires» présentée au musée du Louvre en 2014.
Driss Khrouz fut également membre du Conseil d’administration de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) jusqu’en 2011. Il est aussi membre fondateur de l’association «Sous le signe d’Ibn Rochd».
Autant d’expériences qui qualifient cet Amazigh, amoureux de Fès, pour donner un nouveau souffle au festival des musiques sacrées.