Dans une contribution intitulée “La Maison Maroc”, parvenue à la MAP, Kebir Mustapha Ammi se demande pourquoi se priver de la culture alors que l’économie peut y trouver son compte, relevant qu’”il y a peu à construire, tout est déjà là, il suffit de valoriser les lieux existants”.
Pour cet écrivain, l’enseignement des arts doit être généralisé et garanti pour tous: il doit profiter à tous les âges, et dans tous les lieux, insistant sur la nécessité de “réinventer notre manière d’aborder le théâtre, la musique, la chanson, la danse, la peinture, les arts numériques, la littérature, le cinéma, la photo… Et veiller à la sauvegarde des monuments historiques.
La culture “doit être un ciment qui nous unit”, plaide-t-il, notant que nul ne doit se sentir exclu de cette grande fête de l’esprit, puisque ne lui importe que de porter haut un humanisme, ancestral et présent, à la lumière d’un monde en devenir.
Aux yeux de l’écrivain, la culture “nous apprend à trouver un chemin de lumière”, elle relie les générations successives les unes aux autres, et détermine, en la délimitant, la conscience collective commune. Elle élargit, selon lui, l’horizon et incite au partage, forme au dialogue et au respect d’autrui et participe à tracer les contours du jugement esthétique.
La culture n’aspire qu’à voir triompher les espaces de paix et “tient l’affirmation des plus nobles valeurs de notre pays pour le meilleur moyen de faire barrage aux dérives de toutes sortes”, remarque Kebir Mustapha Ammi, ajoutant qu’il s’agit d’un pont fraternel qui mène à soi et aux autres.
Pour Kebir Mustapha Ammi, “les régions les moins dotées devront être concernées autant que les mieux loties par cette nouvelle grille de culture, si elle advient. Car nul ne refuse la compagnie du beau, tous les êtres sont à même de s’émouvoir, devant une œuvre d’art, qu’elle soit picturale, musicale, littéraire…”.
Dans cette lignée, l’écrivain estime qu’il faut initier très tôt un enfant à la beauté, lui ouvrir les portes qui feront de lui un citoyen épanoui et responsable.
Il indique, par ailleurs, qu’un chantier de la culture, s’il est ouvert, “verrait notre pays promouvoir -et ce serait une première sur notre continent- l’égalité des chances par la culture”, affirmant que tout le monde, sans exclusive, serait mobilisé, avec un seul objectif, la Maison Maroc, “un Maroc qui considère l’avenir, avec une force renouvelée”.
Les écoles, les collèges, les universités, les bibliothèques… sont un lieu privilégié d’accès à la culture, a-t-il déclaré, ajoutant que les maisons et les rues vibreront aux échos de ce bel apprentissage et les formateurs, maîtres et professeurs, pourront s’associer à une éducation artistique, et initier les jeunes apprenants aux différentes disciplines artistiques.
Pour lui, les grands talents, qui s’expriment, depuis quelques années, dans la musique, la littérature, le cinéma, la danse, le théâtre, l’architecture… apporteront leur pierre à cette grande œuvre, alors que “musiciens, peintres, gens de théâtre... rendront la vie plus belle, dans les quartiers, en donnant à voir ou à entendre leurs travaux”.
“S’ajouteraient à eux, les grands créateurs d’Afrique et d’ailleurs, qui viendraient consteller notre création, et seraient chez eux, dans nos murs”, indique-t-il, notant que ce qui se fait sur la scène internationale nous importe au premier chef, “car le Maroc est une nation ouverte, généreuse, des liens forts doivent continuer de l’associer au reste du monde”.
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“La culture est trop précieuse, pour être reléguée à l’arrière-plan”, plaide Kebir Mustapha Ammi, appelant à jeter de “belles semences sur cette terre en jachère. Elle [la culture] peut mieux servir notre pays, elle est une arme de fraternité et de savoir”.
Et d’observer que “si les récentes tensions qui ont secoué la planète exigent que nous soyons plus vigilants, le Maroc ne manque pas de bonne volonté. La preuve en a été livrée de nombreuses fois à des moments décisifs, pour relever ce qui pourrait être le défi de la décennie à venir”.
L’auteur appelle, en outre, à ouvrir un chantier où tout serait mis à plat, où toutes les questions seraient abordées et où l’intérêt général primerait, ajoutant que ce chantier serait celui “où chaque instant du passé et du présent comptera comme autant de pierres précieuses”.
“Cela nous permettra d’avancer, avec confiance, sur la longue route qui s’ouvre devant nous et de faire face, en cas de besoin, aux tourments de toutes sortes qui peuvent surgir ici ou là dans la planète”, a estimé l’écrivain, pour conclure.