Mastodontes du box-office mondial, avec 2,4 milliards de dollars de recettes cumulées à eux deux, «Barbie» et «Oppenheimer» peuvent chacun prétendre à une douzaine de statuettes, dont celle du meilleur film. «Cela continue d’être leur année et on s’attend à ce qu’ils dominent les nominations», explique à l’AFP Pete Hammond, chroniqueur pour le site spécialisé Deadline.
Auréolé de cinq Golden Globes, le portrait du père de la bombe atomique réalisé par Christopher Nolan est en position de force. Le film de Greta Gerwig sur la poupée peroxydée et sa découverte de la misogynie du monde réel veut en revanche prouver qu’il peut convertir son succès en or hollywoodien. «Les comédies (...) sont généralement désavantagées par rapport à des films un peu plus graves», résume M. Hammond. «Dans le monde de Barbenheimer, Oppenheimer a clairement l’avantage parce qu’il a un caractère sérieux, il paraît important.»
Les deux stars de chaque film, Cillian Murphy en Robert Oppenheimer rongé par les conséquences de sa création, et Margot Robbie en poupée parfaite taraudée par des pensées morbides, apparaissent comme d’inévitables candidats aux prix d’interprétation. Tout comme leurs seconds rôles respectifs: Robert Downey Jr brille en bureaucrate conservateur, et Ryan Gosling est remarquable en Ken séduit par les sirènes du patriarcat.
La mère de tous les espoirs?
Outre ces deux blockbusters estivaux, «il semble facile de prédire» les autres prétendants à l’Oscar du meilleur film cette année, selon M. Hammond. La fresque historique amérindienne de Martin Scorsese, «Killers of the Flower Moon», le loufoque «Pauvres Créatures», de Yorgos Lanthimos, déjà récompensé à la Mostra de Venise, l’attendrissant conte de Noël pour adultes «Winter Break», et «Maestro», biopic du chef d’orchestre Leonard Bernstein avec Bradley Cooper devant et derrière la caméra, sont attendus.
Présent dans la présélection de l’Académie des arts et des sciences du cinéma, «La Mère de tous les mensonges», écrit et réalisé par Asmae El Moudir, entretient l’espoir d’une présence marocaine dans la liste finale pour l’Oscar du Meilleur film international. Récompensé par l’Étoile d’or au dernier Festival international du film de Marrakech (FIFM) et prix de la mise en scène dans la section Un certain regard du Festival de Cannes 2023, le long-métrage pourrait ainsi ajouter une nouvelle distinction à sa longue liste de prix et de nominations.
L’année des réalisatrices?
Entre «Anatomie d’une Chute», de Justine Triet, le «Barbie» de Greta Gerwig, et «Past Lives - Nos vies d’avant», drame américano-coréen de Celine Song, la compétition pour l’Oscar du meilleur film pourrait compter trois oeuvres réalisées par des femmes, une première historique. En 95 ans d’existence, ces prix longtemps critiqués pour leur manque de diversité n’ont nominé que 19 longs-métrages de réalisatrices pour la récompense suprême.
«Ce pourrait être l’année la plus importante pour les femmes dans la course pour le meilleur film», reprend M. Hammond. «En revanche, dans la catégorie meilleur réalisateur, nous verrons». Face à une concurrence masculine élevée, qui compte notamment Christopher Nolan, Martin Scorsese et Bradley Cooper, Greta Gerwig semble la concurrente la plus probable.
Chez les acteurs, les places sont également très disputées. Côté meilleure actrice, Emma Stone, avec son personnage de Frankenstein au féminin dans «Pauvres Créatures», semble promise à un duel contre Lily Gladstone, amérindienne enrichie par le pétrole et confrontée à une série de meurtres au sein de sa tribu dans «Killers of the Flower Moon».
Dans la catégorie meilleur acteur, outre Cillian Murphy et Bradley Cooper, il faut compter sur Paul Giamatti, professeur d’histoire psychorigide dans «Winter Break», ainsi que sur Jeffrey Wright («American Fiction») et Colman Domingo («Bayard Rustin»).
La 96ème cérémonie des Oscars aura lieu le 10 mars, après une année marquée par la grève historique des acteurs et scénaristes d’Hollywood.