Après avoir défrayé la chronique avec le sulfureux "La vie d’Adèle", Abdelatif Kechiche a, à nouveau, suscité le malaise, durant la dernière édition du festival de Cannes, lors de la projection de "Mektoub my love: Intermezzo". En cause, une scène de cunnilingus que l’actrice Ophélie Bau conteste aujourd’hui.
Tourné dans une boîte de nuit pendant plus de 15 heures, le film de Kechiche comporte une scène de cunnilingus longue de 13 minutes. A l'origine du schisme entre le cinéaste et son actrice, le fait que Kechiche ne lui ait pas accordé le droit de visionner le film avant sa projection au Festival de Cannes.
Lors de ladite projection, le malaise était très clairement palpable dans la salle. Un film de 3h28 dont les ¾ se passent en boîte de nuit et des scènes de sexe crues et longues, très longues… il n’en faut alors pas plus pour que certains quittent la salle en pleine projection sous les yeux du réalisateur qui, une fois les lumières rallumées, s’enfuira littéralement en lançant, visiblement embarrassé, à l’assistance : "Je m'excuse de vous avoir retenus sans vous prévenir et voilà... je m'en vais".
Ce jour-là, tout le monde aura noté l’absence d’Ophélie Bau. Rebelote le lendemain lors de la conférence de presse. L’actrice brille par son absence.
Lire aussi : Vidéo. Cannes: le baiser des actrices Niserine Erradi et Lubna Azabal enflamme la toile
Face au malaise grandissant, le réalisateur tunisien a donc décidé de prendre les devants en adressant une lettre à Elisabeth Tanner, l'agent de l'actrice, et transmise à L'Express lundi.
Dans sa lettre, Kechiche affirme qu'"Ophélie (Bau) a, en toute conscience, accepté pleinement son rôle dans mes films et à aucun moment n'a manifesté la moindre gêne quant à sa nudité ni à la dimension érotique de certaines séquences".
Et de poursuivre: "j'invite volontiers Ophélie à la table de montage pour me signifier précisément ce qui choque sa pudeur et je m'engage, dans la mesure du possible, à éliminer dans le montage du film les plans qui la gêneraient encore. Ce n'est après tout que du cinéma."
Lire aussi : Vidéo. Festival de Cannes 2019: la Palme d'or attribuée au Sud-coréen Bong Joon-ho
Un "engagement public" dont a pris acte mardi Elisabeth Tanner, dans une réponse écrite transmise à l'AFP. Ainsi sera-t-il permis à Ophélie Bau, note-t-elle, "enfin, de visionner la séquence en question et d'indiquer quels plans elle voudrait éventuellement voir supprimer".
Revenant sur la séquence de cunnilingus, le réalisateur estime en outre avoir fait une concession à l'actrice: "Prévue à l'origine avec l'acteur Salim Kechiouche, elle a été longuement répétée par Ophélie six mois avant la date où elle a été effectivement tournée."
"Si Ophélie avait exprimé la moindre gêne et qu'elle ne souhaitait plus y participer, elle avait largement le temps d'y réfléchir et de me le signifier. La seule chose qu'elle ait revendiquée avant était de pouvoir interpréter cette scène avec un autre acteur, Roméo de Lacour, dont elle était tombée amoureuse entre temps", explique-t-il.
Ophélie Bau marche ainsi dans les pas de Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, actrices principales de "La vie d'Adèle", lesquelles avaient dénoncé les conditions de tournage "horribles" ainsi que la durée de tournage des scènes de sexe, soit 10 journées entières pour filmer une seule scène.