Mawazine 2013 : L'édition de la maturité

Mawazine

La fête commence aujourd’hui à Rabat au rythme musical de Mawazine. Un festival des musiques du monde qui souffle les bougies de ses douze ans, confirmant son caractère de grand rendez-vous musical mondial, qui fait partie de l’identité artistique et culturelle du royaume.

Le 24/05/2013 à 12h31, mis à jour le 24/05/2013 à 12h33

Durant neuf jours, le festival présente un riche plateau d'artistes aux festivaliers, on s’attend à un total de 2 millions de spectateurs venant de toutes les régions du pays. Un programme "à la croisée des chemins, qui accueille de nombreuses célébrités venant de tous les coins du monde dont la star barbadienne Rihanna, le groupe de l'icône de la pop, The Jacksons, le roi des platines, David Guetta ou le latine lover, Enrique Iglesias", selon les organisateurs. Il y aura également des vedettes de la chanson africaine et arabe dont des célébrités marocaines comme le génial Abdelouhab Doukkali.

"C’est une édition de la maturité, un festival qui a dépassé ses 12 ans. Il compte parmi les rendez-vous artistiques les plus importants du monde et il est le premier en Afrique et dans le monde arabe", a déclaré fièrement à Le360, son directeur artistique Aziz Daki. Pour répondre aux détracteurs du festival, le politologue marocain Mohamed Darif a affirmé à Le360 que les organisateurs ont réussi à faire taire les critiques car "ils ont prouvé avec force que les moyens de financement dont ils disposent ne proviennent pas des deniers publics". "Ils ont montré leur capacité à trouver des sources de financements", ajoute Darif.

Quant à la supposée crise politique, a souligné Darif, "il ne faut pas oublier que les critiques sont celles surtout de l’islamisme. On ne parle plus maintenant de l’islamisme mais du salafisme", qui fait peur à l’étranger, a-t-il regretté. "Un conflit de valeurs et une problématique identitaire que certains cherchent à créée par ces critiques. Le festival aide au développement du tourisme. C’est une très bonne chose pour le pays", a conclu le chercheur universitaire. Alors, que la fête commence à Rabat, comme l’a si bien dit Salaheddine Mezouar, le patron du Rassemblement national des indépendants (RNI), un parti farouche aux islamistes.

La programmation comporte plus de 100 concerts et spectacles de rues, réparties sur 7 scènes, dont 5 en plein air. Le festival est couvert par 635 journalistes dont 100 étrangers et sera visionné dans le monde par environ 100 millions de téléspectateurs.

La route de la soie au rythme de la musique

L’une des particularités de cette édition de Mawazine a trait à une thématique intitulée "la route de la soie", que la scène du Chellah illustrera avec différents concerts représentatifs aux pays qu’avait inclus l’itinéraire par où était passé le commerce de la soie, allant de l’Italie jusqu’en Chine. La seconde attraction, concerne le concert de George Benson avec l’orchestre symphonique royal. Dans un régal, le chanteur interprétera le répertoire du grand chanteur américain Nat King Cole, vendredi au théâtre Mohammed V à l’occasion de l’ouverture officiel du festival.

A l’autre bout de Rabat, au quartier Soussi, et au même moment, l’Américaine Rihanna (Robyn Rihanna Fenty de son nom complet) dévoilera tout son talent d’artiste exceptionnelle. Cette place avait accueilli en 2011 quelques 150.000 spectateurs pour le concert de Shakira, l’artiste colombienne. Pour le directeur artistique du festival, Aziz Dakin, "chacune des 7 scènes de Mawazine a son propre thème, ce qui constitue en soi un festival".

L’embarras du choix pour le public

La scène de Souissi sera réservée aux têtes d’affiche internationales, celle du Bourgreg est dédiée à l’Afrique, la scène de Salé ira à la musique marocaine, l’espace du Chellah pour les musiques du monde et enfin la place Nahda sera illuminée aux sons de la musique orientale. Le théâtre Mohammed V et le cinéma Renaissance, espaces fermés, offrent pour leur part des concerts d’artistes marocains et aussi étrangers. "Tous les espaces sont ouverts gratuitement au public, à l’exception des scènes de Souissi et Nahda où 20% seulement de leurs espaces seront payants", a souligné Aziz Daki. En plein air, a-t-il ajouté, "nous avons même prévu, et c’est une première dans l’organisation des festivals au Maroc, des espaces réservés gratuitement aux personnes à mobilité réduite".

"Nous avons tenu à ce que cette édition soit accessible à tous et qu’elle ne revête aucun caractère discriminatoire", a insisté le directeur artistique de Mawazine.

Le Maroc a organisé 200 festivals en 2012

"Le festival Mawazine est un moment fort dans la saison des festivals au Maroc. En 2012, le royaume a organisé quelques 200 festivals", a déclaré à Le360 le ministre marocain de la Culture, Amine Sbihi, citant les plus importants d’entre eux : Timitar (Oujda), Festival Gnaoua (Essaouira) et le Festival des musiques sacrées (Fès). Selon le ministre, Mawazine "s’est imposé en tant que festival phare, avec un public très important". Au sujet des critiques, Sbihi les a balayés d’un revers de la main. "Le Maroc a toujours été un pays d’ouverture sur les cultures du monde et ce festival répond à la diversité des goûts", tient-il à préciser.

Nous voulons copier le modèle d’organisation de Mawazine

"Certaines critiques ont été portées sur le financement mais je peux vous dire avec toute franchise que le modèle financier adopté par Mawazine est un modèle extrêmement intelligent, car il est financé par les grands sponsors, la vente des billets et la vente des retransmissions. Il a un impact très important sur le tourisme", a-t-il souligné, tout en affirmant que son département pourrait s’inspirer de ce modèle. "Je peux vous dire qu’au ministère de la Culture on étudie avec beaucoup d’intérêt ce modèle d’organisation pour que demain nos festivals patrimoniaux, qui sont de très grandes qualités, puissent avoir un impact important en termes de tourisme".Alors jusqu’au 4 juin, tous les Marocains auront les yeux rivés sur ce festival, une fierté pour le Maroc moderne et démocratique.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 24/05/2013 à 12h31, mis à jour le 24/05/2013 à 12h33