L'architecte Patrice de Mazières est décédé à Rabat, à l’âge de 90 ans, dans la nuit de lundi à ce mardi 9 juin 2020, des suites d’une longue maladie.
Natif de Rabat en 1930, Patrice de Mazières était l’un des piliers de l’architecture moderne marocaine. Avec sa disparition, c’est tout un pan de l’histoire de l’architecture du pays qui s’en va avec lui.
Très ému par la disparition de ce grand maître, c’est sous le coup d'une vive émotion que l’architecte Rachid Andaloussi se souvient de lui. «C’est un monument que nous perdons, un grand monsieur, un grand humaniste, qui vient d’une longue lignée d’architectes qui a traversé l’histoire moderne de l’architecture du XXe siècle».
Pour Rachid Andaloussi, Patrice de Mazières était en plus de tout cela un formateur pour les jeunes générations d’architectes marocains qui partaient étudier en France pour ensuite revenir au Maroc y exercer, la première école d’architecture du Maroc n’ayant vu le jour qu’en 1982. «C’est l’un des fondateurs de l’architecture moderne marocaine. Il a contribué à faire comprendre la notion de continuité sans qu’il n'y ait de rupture», explique-t-il.
«Toute la philosophie de la modernité consiste à faire table rase du passé, mais lui a su assurer la jonction entre l'ancien et le nouveau et donner une nouvelle lecture de l’architecture. Il a permis à l’architecture marocaine d’évoluer vers un regard global (global et local) qui pèsera sur les caractéristiques de notre architecture», poursuit Rachid Andaloussi.
Même émotion du côté de l’architecte Fikri Benabdellah à l’annonce de cette perte. «Je suis triste, c’est une perte très lourde pour le patrimoine marocain», nous confie-t-il.
«Je ferai tout mon possible pour que les responsables du secteur et les responsables politiques prennent la mesure de cette perte», annonce Fikri Benabdellah, qui déplore que de grands noms de l’architecture marocaine tels que Jean-François Zevaco soient partis sur la pointe des pieds.
Il y a quelques mois à peine, en février 2020, Patrice de Mazières faisait don aux Archives du Maroc d’une partie de ses documents privés, qui couvrent une activité professionnelle foisonnante d’un demi-siècle au Maroc (1962-2013).
Ses funérailles se dérouleront à Rabat, sa ville natale et de coeur, dans l'intimité, au vu des mesures de restrictions imposées par la crise sanitaire due au Covid-19. Un coup dur de plus pour les architectes qui auraient voulu lui rendre un dernier hommage...