C’est dans les murs de l’emblématique Galerie Bab Rouah de Rabat que Le Comptoir des Mines Galerie, soufflera ses 10 années d’activité le 25 septembre 2025. «Geste étonnant que celui de se projeter à Rabat pour une galerie basée à Marrakech alors qu’elle n’a eu de cesse de présenter des expositions dans de nombreuses foires internationales ces dernières années de Mexico à Dubaï?», interroge, par une question rhétorique, le fondateur de la galerie, Hicham Daoudi.
Pour justifier ce choix qui pourrait paraître surprenant, plusieurs raisons s’imposent, à commencer par le respect que suscite le lieu lui-même, celui-ci étant sans aucun doute l’espace «de référence» de l’histoire de l’art au Maroc, l’endroit précis «où les plus illustres artistes marocains ont pu imposer une modernité plastique dès les années 1960», rappelle-t-il.
Lire aussi : Avec «Back to Mexico», le Comptoir des Mines ravive la flamme artistique marocaine au Mexique
Autre raison qui motive le choix de ce lieu emblématique, le manque d’opportunité d’y exposer individuellement ou collectivement pour de nombreux artistes majeurs de la scène contemporaine et émergente. Un constat qui prend sa source, analyse Hicham Daoudi, dans «l’apparition de nombreuses galeries commerciales entre Casablanca et Marrakech ces vingt dernières années».
«Je pense que davantage de galeries et d’artistes devraient présenter des projets individuels ou collectifs dans ce temple de l’art. À mon sens, nous n’avons pas rendu service à la galerie Bab Rouah en étant tout le temps focalisés sur nos espaces d’art alors que cette galerie devrait être érigée comme le temple suprême où s’exprime l’excellence artistique. Y exposer devrait devenir un défi pour les artistes et les galeries afin d’essayer de se faire une petite place dans le récit de tous ceux que cette grande dame a accueillis», explique-t-il encore pour Le360.
Célébrer ce 10ème anniversaire à la galerie Bab Rouah répondait donc à un besoin «impératif», quoiqu’entrepris avec «beaucoup d’humilité», précise Le Comptoir des Mines, l’objectif final, et fort ambitieux au demeurant, étant de «tenter un dialogue avec les publics de la capitale et leur présenter notre parti pris artistique en tant qu’acteur du Sud Global qui défend avec détermination d’autres voies et pensées plastiques en partant de notre contexte social et humain pour questionner et répondre à de multiples interrogations», poursuit-il.
Lire aussi : Exposition. «Mohammed Kacimi 1994-2003, une œuvre universelle» au Comptoir des mines à Marrakech
Dès le 25 septembre, c’est donc le travail de vingt artistes qui sera donné à voir en ces murs, parmi lesquels Mariam Abouzid Souali, Mohamed Arejdal, Mustapha Akrim, Khalil Nemmaoui, Larbi Cherkaoui, Fatiha Zemmouri, Amina Azreg, Simohammed Fettaka, Latifa Toujani, Sara Ouhaddou, Diadji Diop, Hassan Darsi, Abdallah El Hariri, Bachir Demnati, Mohammed Kacimi, Aymane Errachidi, Yasmina Alaoui, Khadija Jayi, Mouhcine Rahaoui et Hassan Bourkia.
Marchant dans les pas de la galerie L’Atelier à Rabat en 1971, Le Comptoir des Mines souhaite ainsi, à l’aune de ses dix ans, réaliser une exposition collective accompagnée d’une publication rétrospective où seront présentées des œuvres issues d’expositions emblématiques menées depuis octobre 2016 à Marrakech, lesquelles ont réussi «à imposer de nouvelles idées, de nouveaux gestes et surtout de nouveaux artistes dans notre scène artistique». La galerie a, dès sa création, été nourrie d’idéaux issus du mouvement de Casablanca.
Son crédo? À l’instar de ce mouvement, inventer une modernité artistique en s’appuyant sur un certain héritage culturel, et «prendre part aux grandes questions sociétales qui animent ou traversent notre pays, ou plus largement notre région».
«Nous n’avons jamais défendu une esthétique particulière, tenté d’imposer une conception unique du geste créatif ou tenté de le réduire à une simple pratique de matériaux et de gestes. L’expérience que nous avons menée jusque-là permettait de donner d’abord une tribune et un auditoire à de nombreuses voix sincères et authentiques issus des nombreuses régions marocaines qui pouvaient témoigner des bouleversements sociaux qu’ils observaient depuis un prisme intime», explique la direction du Comptoir des Mines, galerie emblématique de la scène artistique marocaine qui a su attirer un grand nombre de musées, collections publiques et privées locales et internationales.
Exposition «10 ans d’une expérience artistique singulière au Maroc».
Du 25 au 30 Septembre 2025.
Galerie Bab Rouah, Rabat.







