Cette semaine, 135.000 fans de cinéma, bande dessinée, dessin animé ou jeu vidéo --le plus souvent déguisés en leurs personnages préférés-- doivent se rendre à San Diego pour le 50e Comic-Con, le plus gros festival au monde à mettre à l'honneur la pop culture.
Ces allées où sont lancées des franchises valant des milliards de dollars regorgent maintenant de stars hollywoodiennes, d'Arnold Schwarzenegger aux acteurs de la série "Game of Thrones".
Un résultat difficile à imaginer en mars 1970, quand un collectionneur de comic-books (les bandes dessinées américaines) de 36 ans au chômage a retrouvé cinq acolytes adolescents dans le sous-sol miteux d'un petit hôtel pour lancer une convention qui a attiré, pour sa première édition, une centaine de fans.
Leur but: rencontrer les auteurs de leurs "comics" favoris. Ces fans "étaient les premiers à considérer la BD comme un art", explique à l'AFP David Glanzer, responsable du marketing du Comic-Con. Depuis, le développement de la convention a été progressif mais inexorable. "On ne pensait jamais devenir aussi gros et être encore là après 50 ans", avoue David Glanzer.
Le metteur en scène oscarisé Frank Capra est la première grande star à s'y rendre. Mais ce qui fait basculer le Comic-Con dans une autre dimension, c'est le déploiement en 1976 d'une équipe de la jeune maison de production Lucasfilm venue faire la promotion "d'un petit film appelé +Star Wars+", raconte Glanzer.
La semaine suivante, tous les responsables des gros studios hollywoodiens -qui se rendaient auparavant au Comic-Con le week-end pour s'amuser- descendent à San Diego avec leurs contrats et leurs stylos pour parler affaires. Dès les années 1990, les stars elles-mêmes sont envoyées par les studios comme un moyen d'intéresser les grands médias à l'actualité du secteur.
Lire aussi : Hollywood: Décès de Stan Lee, le créateur des super-héros de Marvel
Francis Ford Coppola est allé y faire la promotion de son "Dracula" alors que Quentin Tarantino, grand amateur de séries B, est passé de simple spectateur à invité de marque. "A l'époque, on offrait 2.000 ou 3.000 tickets à la radio parce qu'on avait du mal à faire venir les gens", se remémore Glanzer.
"Maintenant, les places sont toutes vendues en moins d'une heure" pour remplir les 11 hectares du centre de convention de cette ville californienne située à la frontière avec le Mexique.
Le succès est tel que d'autres éditions du Comic-Con ont fleuri à travers le monde, de New York à Djeddah, en Arabie saoudite. Mais ce spectaculaire développement s'est fait au détriment de l'esprit intimiste des débuts, regrettent les fans de la première heure, qui ont parfois le sentiment d'être dépossédés de leur culture, devenue objet de consommation de masse.
Les vendeurs de comics, pourtant à l'origine de toute cette réussite, ont déserté les allées du Comic-Con, chassés par les prix maintenant exorbitants demandés aux exposants. Et beaucoup se plaignent que les comics eux-mêmes soient oubliés, au détriment des blockbusters hollywoodiens qui génèrent beaucoup plus d'argent que ces petites bandes dessinées vendues une poignée de dollars.
"Le monde du divertissement est juste très différent de ce qu'il était dans les années 1970", répond David Glanzer. "C'est une progression saine et une reconnaissance de l'art sous toutes ses formes".